En plus de la crise politico-militaire qui sévit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et qui fait parler d'elle, les autorités actuelles du pays, avec en prime le chef de l'Etat, Felix Tshisekedi, doivent également faire aux remous liés à la révision ou à l'amendement de la Constitution du pays.
En effet, à la suite de la volonté manifeste du Président Tshisekedi d'engager une réflexion sur une réforme constitutionnelle, l'opposition politique et la société civile n'ont pas manqué de manifester leur désaveu à ce projet. Ceux-ci accusent le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2019, de vouloir « briguer un troisième mandat » en menant « un coup d'Etat constitutionnel ». En rappel, la Constitution congolaise ne prévoit qu'un quinquennat renouvelable une seule fois.
Au regard de ces événements, autant dire que les velléités de changement constitutionnel, fréquentes dans les pays en voie de démocratisation, n'est pas de nature à s'estomper chez certains dirigeants, avec ses conséquences que l'on connait. Pour le parti au pouvoir, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l'idée de réviser la Constitution, vielle de 18 ans, est motivée par l'intérêt général et le bien-être du peuple. Toute chose censée, de l'avis des tenants du pouvoir, « refléter les réalités » de la société congolaise et « adapter » à l'évolution de cette dernière.
Ainsi, pour les partisans de Tshisekedi, il faut soutenir cette réforme constitutionnelle, ce d'autant plus qu'elle renforcera les institutions et garantira un fonctionnement harmonieux de la démocratie, corriger les failles qui pourraient, arguent-t-ils, compromettre dangereusement la stabilité politique et institutionnelle.
En outre, cette nouvelle Constitution, du point de vue du parti au pouvoir, pourrait bien se positionner comme un outil de modernisation et d'adaptation aux besoins actuels du peuple congolais. Toutefois, ces mobiles sont battus en brèches par l'opposition politique, soutenue par la société civile qui estiment qu'à l'état actuel, les priorités du Congo ne sont rien d'autres que la paix, la sécurité, la bonne gouvernance et la lutte contre la cherté de la vie.
Et, selon nombre d'analystes, cela pourrait se comprendre, en ce sens que la situation sécuritaire dans l'Est du pays, où des groupes armés continuent de semer la terreur sans qu'une solution véritable et durable ne soit trouvée. Ainsi, pour nombre de congolais, la question de la révision constitutionnelle devrait être reléguée au second plan par rapport à l'insécurité grandissante et la pauvreté croissante.
Du reste, s'il est vrai qu'une Constitution n'est jamais statique et elle est appelée, selon les circonstances, à se mettre à jour pour s'adapter aux réalités sociétales, l'inquiétude est que le débat sur sa révision peut faire basculer la RDC dans l'instabilité. Pour mémoire, la crise politique autour de l'intention de Joseph Kabila de briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution, en 2015-2016, avait plongé le pays dans un cycle de manifestation-répression très violente, se soldant par la mort d'une centaine de personnes.
C'est dans ce sens que d'aucuns se demandent quelle garantie, le gouvernement a-t-il pour que cette réforme ne soit pas un instrument pour renforcer le pouvoir exécutif tel que pensé ? Quelles mesures seront mises en place pour assurer un débat inclusif et transparent sur cette question cruciale ? Ce sont les réponses à ces interrogations qui détermineront l'avenir politique apaisé et social de la RDC. Pour ce faire, il appartient au président congolais de savoir raison gardée dans la dynamique enclenchée si tant est qu'il veuille préserver les acquis démocratiques gage d'un développement harmonieux de son pays.