Au Kenya, plus de 82 kidnappings ont été dénombrés depuis les manifestations antigouvernementales de juin dernier, selon la KNCHR, la Commission kényane des droits humains, dont 7 en décembre. Près d'une trentaine de personnes restent toujours portées disparues, et les forces de l'ordre sont accusées d'être responsables.
Ces dizaines d'enlèvements, commis par des hommes armés non identifiés, visent des voix critiques du pouvoir, très actives sur les réseaux sociaux. C'est ce qu'explique la Commission kényane des droits humains. « Nous y mettrons fin », a assuré le président du Kenya, William Ruto, ce vendredi 27 décembre, prenant la parole lors d'un match de football.
Son gouvernement est sous le feu des critiques, car les forces de l'ordre sont accusées d'être derrière ces disparitions. L'ONG Human Rights Watch a d'ailleurs pointé il y a quelques mois l'existence d'une unité spéciale, issue de plusieurs agences de sécurité. La police a démenti toute implication.
Mais ces derniers jours, les demandes d'explications se sont multipliées vis-à-vis des autorités. Plusieurs dizaines de personnes ont notamment manifesté ce vendredi à Embu, dans le centre du pays, où un influenceur est porté disparu depuis le week-end dernier.
La police des polices assure enquêter
De nombreuses personnalités et institution ont aussi exprimé leur préoccupation. Les Églises anglicane et catholique notamment, mais aussi des figures politiques comme l'opposant Raila Odinga, qui a récemment formé une alliance avec William Ruto, ou le vice-président déchu Rigathi Gachagua.
La Law Society of Kenya, la principale association d'avocats du pays, insiste : si la police n'est pas responsable de ces enlèvements, elle a pour devoir d'enquêter. L'IPOA, la police des polices, avait déjà annoncé plus tôt dans la semaine l'ouverture d'une enquête concernant les dernières disparitions, et affirme avoir déployé des équipes d'intervention sur les lieux des enlèvements.