Au Kenya, ce 31 décembre 2024, le président du pays a reconnu « des cas d'actions excessives et extrajudiciaires de la part des membres des services de sécurité ». Un peu plus tôt ce mardi, une cour de justice avait exigé de la police nationale des réponses concernant l'enlèvement le 24 décembre de six personnes, alimentant le débat national sur ces pratiques des forces de l'ordre. Explications.
Au Kenya, le président William Ruto a promis le 31 décembre 2024, lors de ses voeux, la libération de toutes les personnes enlevées et détenues de manière illégale. Une déclaration quelques heures après qu'une haute cour de justice de Nairobi a demandé à la police nationale des comptes quant à l'enlèvement de six hommes, dans la capitale et ses environs, la veille de Noël. Le juge a donné huit jours aux services des forces de l'ordre pour présenter ces hommes à n'importe quelle cour du pays.
C'est à l'inspecteur général de la police nationale, Douglas Kanja, que l'ordonnance du tribunal est directement adressée. La cour lui demande de fournir des explications détaillées sur le sort de ces six hommes enlevés. D'après le juge, il n'y a que deux questions auxquelles il faut répondre : « Qui a enlevé ces influenceurs kényans ? Et ont-ils été libérés ? »
Le secrétaire de cabinet du ministère de l'Intérieur a également été convoqué par la cour, ainsi que le directeur général de l'Autorité nationale des transports. Les personnes enlevées ont été emmenées par des voitures banalisées sur lesquelles le juge attend de plus amples informations.
Libération de 23 militants dont un sénateur de l'opposition
Cette injonction intervient en même temps que la libération de 23 militants arrêtés le 30 décembre, alors qu'ils protestaient justement contre ces enlèvements. Parmi eux, se trouvait notamment un sénateur de l'opposition, Okiya Omtatah.
La police avait demandé à prolonger leur garde à vue de 14 jours, arguant que ces personnes représentent une menace pour la stabilité du pays. Mais la haute cour de Nairobi, a permis leur libération contre une caution symbolique.
Les enlèvements par les forces de l'ordre sont devenus un sujet majeur de préoccupation depuis les manifestations anti-gouvernementales de juin, fortement réprimées. D'après la Commission nationale kényane des droits de l'homme, les six disparus de la veille de Noël portent à 82 le nombre d'enlèvements depuis juin.
Ce mercredi matin, l'ambassade des États-Unis a demandé « des enquêtes transparentes et des comptes suite à l'augmentation des disparitions forcées » au Kenya.