Au procès du président du MoDeL pour « offense et diffamation » à l'encontre du chef de la junte au pouvoir, le général Mamadi Doumbouya, le procureur a requis une peine de deux ans de prison ferme contre l'accusé, jeudi 2 janvier. Les cinq avocats d'Aliou Bah se sont, eux, relayés pendant plus de quatre heures devant le tribunal de première instance de Kaloum, à Conakry, pour défendre leur client, plaidant non coupable et demandant sa relaxe.
L'inquiétude se lisait sur tous les visages, ce jeudi 2 janvier, au procès de l'opposant Aliou Bah pour « offense et diffamation » à l'encontre du chef de la junte guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, devant le tribunal de première instance de Kaloum, à Conakry.
Responsable de la communication des femmes du MoDeL, le parti d'Aliou Bah, Kadiatou Barry s'interroge, elle, en particulier, sur la direction qu'est en train de prendre la Guinée : « On vit dans un pays où l'on n'ose plus rien dire, où tout le monde a le droit de tout dire sauf de parler du gouvernement et des tares de l'État. On est donc dans une dictature ! Pendant combien de temps va-t-on continuer ainsi ? » s'exclame-t-elle.
De son côté, Me Houlématou Bah, avocate de la défense, s'en prend aux magistrats qu'elle accuse d'être « en quête d'avantages » pour condamner des innocents. « Je suis écoeuré qu'au 21e siècle encore, il y ait des juges qui dansent pour l'État, juste pour profiter de ses avantages, ou pour profiter d'un décret. Les réquisitions du ministère public sont des réquisitions qui font honte à l'État de droit », déclare-t-elle.
« Une déclaration de guerre à la liberté d'expression »
À l'issue des réquisitions du procureur Mohamed Bangoura, Me Antoine Pépé Lamah, qui assure lui aussi la défense d'Aliou Bah, a mis en garde le tribunal au cas où celui-ci serait tenté de suivre le ministère public. « Pour moi, ces réquisitions sont une déclaration de guerre à la liberté d'expression. Si le tribunal les suit, alors il signera sa mort de façon judiciaire », explique-t-il.
Arrêté le 26 décembre dernier à la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone alors qu'il était en partance pour Freetown, Aliou Bah est écroué depuis lundi 30 décembre à la prison civile de Conakry.