Avec l'aide du Groupe de lutte contre le blanchiment de capitaux en Afrique orientale et australe (ESSAMLG), Maurice a mis en place en mai 2024 un programme de formation destiné aux acteurs concernés afin de les préparer au mieux à l'évaluation internationale à venir. Le discours-programme ne mentionne pas directement cette évaluation comme obligation, mais celle-ci n'en demeure pas moins essentielle.
En effet, Maurice gagnerait à renforcer son image en tant que juridiction conforme aux normes internationales de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. L'enjeu est de taille : l'évaluation mutuelle de 2027 déterminera le degré de conformité du pays aux standards internationaux.
Vigilance de mise pour éviter une nouvelle inscription sur liste noire
Le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme sont des menaces majeures pour nombre de pays, et Maurice, qui s'est doté d'un secteur de services financiers en plein essor, n'échappe pas à cette réalité. L'inscription du pays sur la liste du Groupe d'Action Financière (GAFI) reste un souvenir marquant.
Consciente des risques, Jyoti Jeetun, nouvelle ministre des Services financiers et de la Planification économique, a insisté sur l'importance de redoubler d'efforts pour respecter les normes internationales et éviter une nouvelle mise en cause. Dans une entrevue accordée à l'express, elle souligne que le National Risk Assessment, attendu en 2022, accuse un retard préoccupant. «Une telle situation pourrait nous mettre en danger. Nous devons accélérer les choses», a-t-elle affirmé.
Concernant le prochain rendez-vous avec les évaluateurs internationaux, elle précise : «Le Mid-Term Review est prévu pour 2027. Nous serons examinés pour vérifier notre niveau de conformité. Mais le travail doit commencer sur-le-champ. Toutes les institutions et leurs équipes doivent se mobiliser immédiatement. The clock is ticking. »
Actions concrètes et résultats prometteurs
Le rapport du ministère des Services financiers pour l'exercice 2023/24 met en avant plusieurs avancées majeures :
· L'organisation d'un programme de formation en collaboration avec le secrétariat de l'ESAAMLG, visant à doter les professionnels de compétences nécessaires pour affronter l'évaluation de 2027.
· La consolidation d'un cadre juridique et institutionnel robuste, positionnant Maurice parmi les juridictions «conformes» ou «largement conformes» aux 40 recommandations du GAFI.
· Maurice s'est élevé en 2023/24 de statut de bénéficiaire d'assistance technique à celui de partenaire privilégié dans le partage d'expériences et de bonnes pratiques en matière de lutte contre les flux financiers illicites, notamment avec le Kenya, l'Angola et le Mozambique.
· La participation active des autorités mauriciennes aux projets du GAFI et du Groupe d'examen de la coopération internationale (ICRG), avec pour objectif d'aider les pays membres de l'ESAAMLG à corriger leurs lacunes stratégiques et à renforcer durablement leurs systèmes de lutte contre la criminalité financière.
Budget dédié pour une conformité renforcée
Maurice met également les moyens financiers nécessaires pour atteindre ses objectifs. Sur un budget total de Rs 362 millions alloué au ministère des Services financiers pour l'exercice 2023/24, Rs 36,1 millions (soit 10 %) ont été consacrées aux initiatives visant à garantir la conformité du pays face aux évaluateurs internationaux.
Avec ces efforts continus, Maurice espère consolider son statut de juridiction financière crédible et éviter toute nouvelle mise en cause sur la scène internationale.