Au Mali, les transporteurs de la région de Gao se mettent en grève. L'annonce, donnée dimanche 10 février, fait suite à l'attaque meurtrière survenue, vendredi 7 février, à Kobé, à une trentaine de kilomètres de la ville de Gao. Un convoi de l'armée malienne et de ses supplétifs du groupe Wagner, qui escortaient des véhicules civils, a été pris pour cible par les jihadistes du groupe État islamique au Sahel (EIS).
Il n'y a pas de revendication officielle, mais les sources locales attribuent unanimement cette attaque à l'EIS, notoirement active dans la zone. L'armée malienne a communiqué un bilan officiel de 25 civils tués et 13 blessés, mais les sources locales, jointes par RFI, font état d'un bilan beaucoup plus lourd, incluant plusieurs dizaines de militaires tués ou blessés et des dizaines de véhicules détruits. C'est dans ce contexte que les transporteurs de la région ont décrété une grève à durée illimitée.
Les transporteurs de la région de Gao ne veulent plus des escortes militaires, auxquelles ils sont parfois sommés de se joindre. Selon plusieurs sources syndicales de la société civile et selon des notabilités de Gao, les transporteurs jugent ces escortes insuffisantes en nombre. Ils déplorent surtout leurs difficultés à protéger efficacement les véhicules civils, comme l'a tragiquement démontré l'attaque jihadiste de Kobé.
« Lorsque les transporteurs se joignent à une escorte militaire, les jihadistes les repèrent et les identifient. Ils deviennent des cibles », explique une source. Les jihadistes du groupe État islamique, qui prélèvent des taxes pour laisser passer les véhicules sur certains axes, considèrent que les transporteurs qui se joignent aux escortes militaires sont des complices de l'armée.
Les transporteurs sollicitent pourtant bien le soutien des forces de défense, mais préfèrent voyager sans escorte et demandent une augmentation du nombre de checkpoints - les points de contrôle militaires -, ainsi qu'un renforcement des patrouilles sur les routes reliant Gao à Ansongo et Ansongo à Labbezanga, à la frontière avec le Niger.
Une rencontre était programmée entre les représentants des transporteurs et le commandement militaire de la zone, pour présenter ces revendications. Sollicités par RFI, le maire de Gao - lui-même transporteur et ancien représentant syndical - et le gouvernorat de la région n'ont pas donné suite.