Tons est addicte de Ndamarass. Il est accro. Tata a fait le tour de tous les garabou garabou pour le sortir de cet état de fait. Tata avait aussi visité les profondeurs de la Casamance, de celles du Sénégal Oriental à la recherche du superchampion dans l'art de terrasser les démons. Tons avait bu des cocktails parfois sucrés, parfois amères à tordre les boyaux. Mais rien n'y faisait. Si Tata avait fait le tour de tous ces gens qui pactisent avec le Diable, c'était qu'elle en avait mare des souris qui comme Tons ne crachaient pas sur le Ndamarass. Et Tons en semait partout.
Comme peut l'être tous les addictes, Tons achetait par dizaines les sachets de Ndamarass chez son fournisseur sous le pont de l'avenue Cheikh Anta Diop. Tons, par crainte d'en manquer, en planquait dans l'armoire de Tata, sous le lit conjugal, dans les commodes, dans les placards de la cuisine, de ceux des toilettes, dans ses poches droites, gauches et même dans son maxtuma.
La lavandière qui avait en charge le linge de Tons voyait dans sa grande bassine flotter des miettes de ndamarass. Labelle âme qui s'occupait du repassage de Tons a failli un jour repasser les restes d'un sachet de Ndamarass dans la poche du grand boubou de Tons.
Hier en quittant la mosquée la prière du vendredi, Tons introduisit sa main dans la poche à la recherche de son chapelet. Sa main empoigna un sachet de Ndamarass, et comme la rue était déserte Tons enfourna une pelletée dans la bouche et l'enfant qui le suivait de lui dire « Pa woorulo » et Tons de répliquer « Saxamé guma »