Burkina Faso: Issouf Compaoré - "L'amant de Zénabo " a 50 ans de carrière

1971-2021, voilà déjà 50 ans que l'artiste-compositeur et interprète Issouf Compaoré écume la scène musicale burkinabè et sous-régionale.

Considéré comme l'un des pionniers de la musique moderne burkinabè, le musicien totalise à nos jours plus de 200 chansons et plus de 2 000 concerts donnés au Burkina Faso et dans le monde. A l'occasion de la célébration cette année du jubilé d'or de sa riche carrière, l'artiste de 68 ans organise une série d'activités parmi lesquelles des concerts live à travers le pays. En vue de renouveler sa relation avec le public, la sortie d'un nouvel album est également annoncée. Une rencontre avec la presse a été organisée le mercredi 22 juin 2022 à Ouagadougou dans le but de lancer les activités commémoratives.

Pour le lancement des manifestations marquant les 50 ans de carrière d'Issouf Compaoré, ceux qui étaient avec l'artiste depuis ses premiers pas ou qui l'ont côtoyé le long de son parcours étaient présents dans la salle de conférences du RAN-Hôtel . Il y avait les membres du groupe historique Black Pistols, Oger Kaboré, Traoré Désiré alias Dési. Parmi les plus jeunes, il y avait Roger Wango et Maï Lengani, avec qui le légendaire musicien a aussi travaillé.

L'aventure musicale de l'enfant terrible de Zangwetin (quartier au centre de la capitale rasé en 2003) a débuté dans les années 60 avec les Black Pistols, un groupe composé de 3 jeunes élèves passionnés de musique. En 1967, ils avaient cotisé de l'argent pour s'acheter une guitare avec pour seul but d'imiter les Beatles, Johnny Halliday, Richard Antony et autres monstres de la scène internationale qui déchaînaient les passions. "Chacun s'appropriait la guitare pour une semaine et la passait au suivant et ainsi de suite. C'est ainsi qu'on a appris à jouer à l'instrument", a confié Clément Tiemtoré, un des membres du groupe qui a par la suite abandonné le rêve de musicien pour une carrière de pilote de ligne. Pour diverses raisons, les Black Pistols n'ont pas fait long feu mais Issouf Compaoré a quant à lui décidé de faire une carrière solo avec un disque vinyle de 45 tours en 1971. "Je chantais dans les bars et les boîtes de nuit de la capitale, ce qui n'était pas du goût de mon père, mais par la suite il a aimé mes chansons", confie-t-il. Il va sillonner la Haute-Volta de l'époque d'est en ouest et du nord au sud pour donner des concerts.

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L'homme est un musicien touche-à-tout, car en plus d'être un excellent vocaliste, il joue de la guitare et à la batterie. Pour la sortie de son 1er album, c'était un parcours du combattant. Il n'y avait pas de maisons d'enregistrement et d'impression du disque au Burkina Faso et il fallait se rendre dans les pays voisins. " Dans ma discographie, qui n'est pas très étoffée, j'ai beaucoup plus travaillé dans la musique de communication, c'est-a-dire la sensibilisation et la publicité. C'était des chansons à la commande qu'on ne portait pas sur les albums", a-t-il indiqué. Faute de moyens financiers, avec ces temps qui courent, c'est un coffret de 15 titres qui sera d'abord proposé au public.

Au dire de M. Compaoré, les manifestations commémoratives ne s'arrêteront pas en 2022, car un livre biographique est prévu ; un coffret avec 50 titres et un film documentaire sont aussi en chantier. En parcourant le Pays des hommes intègres pour des concerts interactifs de sensibilisation au VIH-Sida et à d'autres maladies infectieuses, il garde en mémoire l'inoubliable accueil des femmes de Falangountou (village reculé dans le Séno) où un orchestre moderne jouait pour la 1re fois en 1996. " On a installé les instruments et on a commencé à jouer. Brusquement parmi le public, les femmes se sont retirées, j'étais déçu sans rien comprendre. Une demi-heure après, elles réapparaissent en file indienne, chacune avec un panier ou une calebasse de céréales sur la tête, en guise de gratitude aux musiciens", a-t-il relaté.

A en croire M. Compaoré, les difficultés n'ont pas manqué dans sa longue carrière mais chaque fois il a su les surmonter. "Je rends grâce à Dieu car il m'a aidé à gérer ma carrière. Aujourd'hui, je ne suis pas riche mais je suis heureux et c'est ça le plus important". A la fin de la rencontre, le célèbre musicien a replongé l'assistance dans l'ambiance des grands concerts. Il chanté la non moins célèbre chanson d'amour "Zénabo", qui a fait danser des générations de Burkinabè.

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