Long métrage somalien sorti cette année, « The village next to paradise », telle une métaphore, peint à revers l'image sombre qui colle à la peau de la Somalie depuis plusieurs années.
Né en Somalie, Mo Harawe a étudié l'art avant de s'envoler pour l'Autriche où il se passionne de cinéma. Ainsi, il débute la réalisation des films en autodidacte. Pour le projet « The village next to paradise », en français « Le village à côté du paradis », Mo filme le quotidien de trois personnages dans un petit village côtier du désert somalien, torride et venteux.
Ici, Mamargade, père célibataire, cumule les petits boulots pour offrir à son fils Cigaal une vie meilleure. Alors qu'elle vient de divorcer, sa soeur Araweelo revient vivre avec eux. Malgré les vents changeants d'un pays en proie à la guerre civile et aux catastrophes naturelles, l'amour, la confiance et la résilience leur permettront de prendre en main leur destinée.
A travers « The village next to paradise », le réalisateur somalien Mo Harawe a voulu présenter au monde une Somalie différente de celle mise en exergue dans les médias et dont la réalité rime toujours souvent avec guerre, famine, sécheresse et autres maux. Pour lui, il s'agit ici de faire comprendre qu'il y a certes des difficultés en Somalie, un peu comme partout ailleurs, mais la vie continue, elle est belle et des hommes sont encore là. Au jour le jour, chacun vit sa destinée et écrit son histoire.
Mamargade est un modèle de pilier d'une famille qui doit naviguer entre ses différentes aspirations et le monde moderne complexe dans lequel elle vit. L'amour, la confiance et la résilience sont considérablement mis en avant comme moyen pour surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin de l'existence.
Face aux défis auxquels est confrontée la Somalie aujourd'hui, Mo Harawe considère son peuple comme des super héros qui n'ont d'autres choix que de lutter pour survivre. Aussi, malgré cela, ils n'ont pas perdu leur espérance et leur joie de vivre à l'instar des protagonistes du film qui pour certains sont des acteurs en herbe.
« La Somalie est un très beau pays, avec sa population, ses îles qui sont les plus belles de l'Afrique de l'Est, l'océan Indien et son eau magnifique... Sauf qu'à cause de nombreux problèmes, on est très loin d'être un réel paradis. Il y a un potentiel donc, d'où ce next to paradise dans le titre du film », confiait le réalisateur Mo Harawe au magazine web Sofilm.
Notons que « The village next to paradise » est le tout premier long métrage du cinéaste somalien Mo Harawe. Cette année, il était en sélection au festival de Cannes, dans la catégorie « Un certain regard », aux côtés de la comédie dramatique « On becoming a Guinea Fowl » du cinéaste zambien Rungano Nyoni.