Le festival organisé à l'initiative de l'Autorité générale du cinéma, du théâtre et des arts est placé sous le parrainage du gouvernement d'Abdelhamid Dbeibah. Une cinquantaine de films issus de différents pays participent aux compétitions de fiction et de documentaire. Trois films représentent la Libye dans cette manifestation.
La production de film est très timide en Libye et faite d'initiatives individuelles, en l'absence de toute structure d'aide étatique. Certains cinéastes enthousiastes veulent encore y croire.
Mohamad Masli, jeune réalisateur libyen, a été réalisateur de programmes pour la télévision, mais a décidé de changer de métier après avoir été kidnappé à Tripoli en 2017. Grâce à ses fréquentations du milieu des cinéastes, surtout en Tunisie voisine, il se dirige vers la réalisation des films documentaires.
Son film Héroïne sur l'histoire d'une championne paralympique participe au festival international du court métrage de Tripoli : « Ce qui m'importe, c'est de travailler sur les histoires des gens, les histoires humaines. J'ai choisi donc de travailler dans le domaine des films documentaires qui traitent de situations humaines et de problématiques sociaux. Les deux derniers courts métrages que j'ai réalisés traitaient de la question des droits en abordant des questions juridiques en Libye. J'espère que le responsable libyen y prêtera attention lorsque le film sera vu au festival. J'y questionne les textes des lois obsolètes qui ne conviennent pas à cette époque et j'espère qu'elles seront modifiées. Héroïne, dont nous avons terminé le tournage il y a cinq mois, aborde un aspect concernant les droits des femmes handicapées. En Libye, lorsqu'une femme handicapée se marie, la subvention qui lui est allouée par l'état sera annulée sous prétexte qu'elle a maintenant un mari pour la soutenir. Dans le film, je soulève cette question : son mariage va-t-il abolir (anéantir) son handicap ou quoi ? » Son autre documentaire, Droits perdus, sur l'absence d'État de droit en Libye, participe la semaine prochaine, après avoir eu plusieurs prix, à la compétition du 12e édition du festival d'Oran pour les films arabes.
Une production cinématographique sous contrôle
La création artistique en Libye, surtout dans le domaine de l'image, souffre d'un manque de liberté. Le pays est toujours plongé dans le chaos et la violence et les jeunes réalisateurs se sentent obligés de traiter les questions sociétales et le problème du respect des droits de chacun. Et pour cela, ils préfèrent faire des films documentaires, un genre qui leur permet d'être plus proche des réalités de la vie quotidienne.
Durant l'âge d'or de la production cinématographique libyenne, dans les années 70, le pays a produit près de 130 films. Sept seulement étaient des fictions. La production s'est arrêtée à la fin des années 70, souffrant déjà du manque de liberté d'expression. La décision du colonel Mouammar Kadhafi au nom de la lutte contre « l'invasion culturelle de la société », de fermer toutes les salles de cinéma en fin des années 80 a freiné davantage la production nationale. Depuis 2011, le secteur a du mal à se relever, souffrant de ces mêmes symptômes.