Ile Maurice: Comment ses larmes historiques ont fait pencher la balance...

Ses larmes ont provoqué un raz-de-marée. Celles de la Chagossienne Liseby Elysé devant la Cour internationale de justice (CIJ) en septembre 2018. Des larmes qui ont ému les juges et dont on reparle aujourd'hui, à la faveur de l'accord entre Maurice et le Royaume-Uni, pour la restitution de la souveraineté sur l'archipel des Chagos, annoncé jeudi dernier 3 octobre.

Dans son édito daté du vendredi 4 octobre. Patrick Cohen en parle d'ailleurs dans l'émission C à vous. Il affirme que ce sont les larmes de Liseby qui ont fait chavirer les coeurs et qui ont surtout fait pencher la balance pour ce qui est de la rétrocession de l'archipel.

Au lendemain de cette décision historique justement, vendredi, Liseby nous rappelait que pour en arriver là, «nounn bien marse, galoup gos, drwat». Elle avait aussi pris la mer pour la traversée jusqu'à Bleinheim Reef en février 2022. «Mo ti a kontan si zordi mem mo ti dan Sagos», souhaite la native de Peros Banhos. À 71 ans, Liseby Elysé aspire à retrouver son île natale. «Retourn kot monn pran nesans. Monn anvi al mor laba. Aster ki pou gagn sa.»

Dans l'accord entre Maurice et le Royaume-Uni, un point fait sourciller certains. Celui qui stipule que pour une période initiale de 99 ans, le RoyaumeUni sera autorisé à continuer l'opération de la base militaire de Diego Garcia, mais sous les droits souverains mauriciens. «Vre ? Sannla mo pann tande mwa», s'étonne Liseby. «Apre 99 an, tou dimounn fini mor.»

Vendredi 4 octobre toujours, la vidéo du témoignage décisif en kreol de Liseby Elysé devant la CIJ a ainsi été reprise dans la chronique du journaliste Patrick Cohen. C'était dans l'émission de France Télévisions, C à vous. Tout en citant le livre de l'avocat Philippe Sands The last colony, le journaliste Patrick Cohen a rappelé que Liseby Elysé «avait 20 ans quand elle a été arrachée de son île natale en pleine nuit». Et que durant la traversée entre les Chagos et Maurice, elle avait perdu le bébé qu'elle portait.

Dans The Last colony, Philippe Sands, l'avocat des Chagossiens, détaille, avec l'avantage d'avoir été sur place, le témoignage de Liseby Elysé devant la CIJ. «Twenty years on Peros Banhos, four days of forcible removal, forty-five years as a refugee in her own country reduced to a statement of three minutes and forty-seven seconds». Il poursuit: «Unscripted, Madame Elysé spoke from the heart, she knew exactly what she wanted to say». Et après ces paroles poignantes, «there was a long silence, as powerful as the words, then the sound of tears».

Après l'avis consultatif favorable à Maurice rendu par la CIJ, l'avocat analyse le verdict. «Two judges evoked the words spoken by Madame Elysé. Hers was a 'humanitarian tragedy' of Greek proportions, the Brazilian judge recorded.» Philippe Sands souligne également que pour sa part, le juge jamaïcain «went further, putting Madame Elysé's words in a broader historical context. The forcible removal was akin to the abduction and enslavement of millions of Africans»

Retour au présent. Vendredi, la MBC a donné la parole à Liseby Elysée dans le JT de 19 h 30, dans la large partie consacrée à l'accord historique. Ce reportage d'Ajaghen Runghen - celui qui avait fait un micro-trottoir très critiqué au caveau du Père Laval à l'issue du verdict du Conseil privé favorable au Premier ministre dans l'affaire MedPoint en 2019 - cherche à présenter «l'effervescence dans la communauté chagossienne». En réalité, c'est une ode au Premier ministre, diffusée le jour de la dissolution du Parlement. Pour montrer «la communauté chagossienne (qui) exprime sa reconnaissance envers le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth pour son combat sans relâche».

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