Cameroun: Le pays en crise - Niat Njifendji et Paul Biya absents, le sénat paralysé par la gérontocratie

7 Octobre 2024

Le Cameroun traverse une période de turbulence politique sans précédent, marquée par l'absence simultanée de deux figures clés de l'État. Marcel Niat Njifendji, président du Sénat, se trouve en évacuation sanitaire en France depuis plus d'un mois, tandis que le président Paul Biya, âgé de 91 ans, n'a pas été vu en public depuis le sommet Chine-Afrique, alimentant les spéculations sur sa santé et son lieu de séjour.

Cette situation exceptionnelle met en lumière les défis posés par la gérontocratie au sein du pouvoir camerounais. Niat Njifendji, 88 ans, second personnage de l'État, est absent des travaux parlementaires depuis son évacuation vers la France. Son départ précipité a plongé le Sénat dans une paralysie inquiétante, bloquant l'examen de projets de loi cruciaux et perturbant le fonctionnement normal de l'institution.

Parallèlement, l'absence prolongée du président Paul Biya suscite de vives inquiétudes. Certaines sources affirment qu'il serait en convalescence en France, tandis que d'autres le disent en villégiature en Suisse. Cette opacité autour de la santé et des activités du chef de l'État accentue le sentiment d'instabilité politique qui plane sur le pays.

La paralysie du Sénat, couplée à l'absence du président, révèle les failles d'un système politique dominé par des dirigeants âgés. Cette gérontocratie, longtemps considérée comme un gage de stabilité, montre aujourd'hui ses limites face aux défis contemporains du Cameroun.

L'opposition et la société civile dénoncent vigoureusement cette situation. Elles réclament une transparence accrue sur l'état de santé des dirigeants et appellent à une transition générationnelle au sommet de l'État.

Cette crise met également en exergue les lacunes du système de santé camerounais. L'évacuation régulière des dirigeants vers l'étranger pour des soins médicaux soulève des questions sur la capacité du pays à prendre en charge la santé de ses citoyens, y compris celle de ses élites.

Sur le plan économique, l'incertitude politique pèse lourd. Les investisseurs s'inquiètent de la stabilité du pays, et certains projets de développement sont mis en suspens. La diaspora camerounaise, quant à elle, s'organise pour faire entendre sa voix et demander des changements profonds dans la gouvernance du pays.

Face à cette situation, le gouvernement tente de rassurer l'opinion publique. Des communiqués officiels affirment que les institutions fonctionnent normalement, mais le manque de détails concrets alimente les doutes et les rumeurs.

Cette crise pourrait marquer un tournant dans l'histoire politique du Cameroun. Elle met en lumière la nécessité d'une refonte du système politique pour assurer une meilleure continuité de l'État et une gouvernance plus adaptée aux réalités du 21e siècle.

Alors que le pays fait face à de nombreux défis, notamment sécuritaires et économiques, cette paralysie au sommet de l'État risque d'avoir des conséquences durables. La jeunesse camerounaise, en particulier, exprime son impatience face à un système qui semble incapable de se renouveler.

La résolution de cette crise passera nécessairement par une plus grande transparence sur l'état de santé des dirigeants, une réflexion profonde sur le renouvellement des élites politiques, et peut-être, une réforme constitutionnelle pour prévenir de telles situations à l'avenir.

Le Cameroun se trouve donc à la croisée des chemins. La manière dont le pays surmontera cette crise déterminera en grande partie son avenir politique et institutionnel. L'heure est venue pour le Cameroun de repenser sa gouvernance et d'envisager une transition vers un leadership plus jeune et plus dynamique, capable de relever les défis du monde moderne.

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