La sortie sur le marché des disques du volume 13 et 14 de la série "Au temps des Classiques" a été au coeur d'une interview accordée par la chanteuse Faya Tess, ambassadrice de la Rumba congolaise, à l'ACP, à l'occasion de son 58ème anniversaire de naissance. Plus de 35 ans de carrière musicale, elle a également profité de cet entretien pour réclamer ses droits d'auteurs et voisins auprès de l'Etat congolais.
La Prospérité : Dans quel état d'esprit lancez-vous les deux volumes de la série "Au temps des classiques" sur le marché du disque ?
Faya Tess : Le public est toujours en attente et dans une position de demande. Ce qui fait que nous continuons à travailler pour satisfaire et répondre à sa demande. Je profite de l'occasion pour remercier les mécènes Maître Vincent Gomez et son Excellence Hugues Ngouelondele et toute l'équipe artistique, en commençant par mon big manager Monsieur André TETU, le coach Nyboma Canta et tous les autres artistes. C'est grâce à toute cette équipe que je parviens à réaliser et continuer ce projet des "Classiques de la Rumba" dans les meilleures conditions pour le bonheur des amateurs de la bonne musique.
La Pros. : Quelle est la particularité des volumes 13 et 14 ?
Faya TESS : Je laisse le temps aux mélomanes de découvrir ce nouveau coffret et sa particularité. Car, il contient des belles sonorités et mélopées des grands auteurs compositeurs de la Rumba congolaise que notre grand public avait l'habitude de suivre dans le passé. On y retrouve des mélodies enchanteresses que nous avons reprises. Et redécouvrir encore ces genres de mélodies, c'est toujours encourageant !
La Pros. : Vous êtes attendue le 23 novembre aux Etats-Unis pour une soirée de gala. Dans quel contexte placez-vous cet évènement ?
Faya : Rappelez-vous que le projet "Au temps des classiques" consiste à honorer nos œuvres légendaires, les pères géniteurs de la musique congolaise et en même temps aller vers les publics qui sont toujours dans le besoin de cette musique. Après avoir partagé ce projet en Europe et dans plusieurs pays en Afrique, je pense que c'est maintenant le tour de l'Amérique qui était en attente. Nous avons compris qu'il y a un public qui était resté orphelin. D'où il est de mon devoir d'aller à Washington pour honorer ce public. Pourquoi pas ? Pour moi, c'est un pèlerinage.
La Pros. : On dit souvent que les artistes congolais meurent pauvres à cause de la mauvaise politique dans la gestion collective de droits d'auteurs en RDC. Quand est-ce que vous avez touché vos droits au pays ?
Faya Tess : Je n'ai jamais touché un centime de la part d'une société des droits d'auteurs dans mon pays depuis que j'ai commencé ma carrière professionnelle. C'est regrettable lorsque nous regardons la manière dont les choses se passent au pays ; comment les artistes s'entretuent à la SONECA ou à la SOCODA. Je pense que la solution à cette problématique relève de la responsabilité des dirigeants qui doivent organiser le secteur. La gestion des droits d'auteurs ou des droits voisins est une question transversale. Il faut vraiment une politique gouvernementale qui va pouvoir faire en sorte que chaque artiste puisse bénéficier de son droit. Je ne peux rien dire si ce n'est que réclamer seulement nos droits auprès des institutions.
La Pros. : Que pensez-vous de la relève des voix féminines dans la musique congolaise ?
Faya Tess : On peut discuter de cette question jusqu'au retour du Christ. Je vous comprends parce qu'au Congo vous avez votre façon de voir les choses. Ici en France, nous avons des conservatoires de musique, des organisations et des structures pour assurer la relève. Je pense que l'Etat congolais est responsable de beaucoup de choses. Dans un domaine comme la musique, on ne fait pas la relève pour remplacer mais pour assurer la continuité. J'encourage les jeunes chanteuses de la nouvelle génération qui se défendent aussi bien aujourd'hui au pays. Je leur demande seulement d'être patientes et d'attendre le bon moment pour le rendez-vous du succès. Parce que la carrière musicale est très difficile pour la femme que l'homme.