Une nouvelle dynamique secoue la course à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD) avec le revirement stratégique du Cameroun, qui retire son soutien à Abbas Mahamat Tolli pour promouvoir la candidature d'Albert Zeufack, actuel directeur de la Banque Mondiale pour plusieurs pays d'Afrique centrale.
Ce changement de position intervient après la XXIVe Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d'État de la CEEAC à Sipopo, où la candidature de Tolli, ancien patron de la BEAC, avait initialement reçu l'appui unanime des pays membres. Cependant, des inquiétudes concernant sa gestion passée de la BEAC et divers scandales ont poussé Yaoundé à reconsidérer sa position.
La nouvelle stratégie diplomatique, pilotée par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la présidence de la République, s'articule autour de la promotion d'Albert Zeufack. Une correspondance datée du 17 juillet 2024, rédigée par Félix Mbayu, ministre délégué aux Relations extérieures en charge du Commonwealth, détaille un plan d'action en plusieurs axes :
1. Obtenir le soutien des pays d'Afrique Centrale
2. Engager des négociations avec le Tchad
3. Rechercher l'approbation de l'Union Africaine
4. Sécuriser l'appui des partenaires internationaux clés (États-Unis, France, Allemagne)
Cette réorientation stratégique pourrait cependant raviver les tensions avec le Tchad, dont le président Mahamat Idriss Deby avait personnellement soutenu la candidature de Tolli. Les relations entre les deux pays, déjà fragilisées par l'affaire Savannah ENERGY en 2023, qui avait conduit au rappel de l'ambassadeur tchadien, pourraient se détériorer davantage.
Le choix du Cameroun s'explique par une analyse pragmatique des chances de succès des différents candidats. La gestion controversée de la BEAC par Tolli et sa réputation écornée au niveau continental ont été jugées comme des obstacles majeurs à son élection à la tête de la BAD.
L'élection du nouveau président de la BAD est prévue pour juillet 2025, laissant plusieurs mois aux pays africains pour des manoeuvres diplomatiques. Cette période s'annonce cruciale pour le Cameroun qui devra gérer habilement ses relations régionales tout en promouvant son candidat.
