Ile Maurice: Solutions à flots, résultats à sec

Les trois blocs politiques proposent des solutions pour régler les problèmes d'eau. Nous avons également sollicité l'hydrologue à la retraite Farook Mowlabucus, pour avoir ses solutions. Sa priorité demeure la réduction des fuites d'eau et le remplacement des petits tuyaux par de grands.

Quand il a quitté la Water Resources Unit en 2001, note-t-il, les fuites d'eau étaient à 54 % et désormais, elles sont à 64 %. Il regrette qu'il n'y ait pas d'avancée dans la construction de réservoirs. «Le Rivière-des-Anguilles Dam, on en parle depuis plus de 15 ans. S'il avait été construit, les habitants du Sud-Est, du Sud et du Sud-Ouest auraient pu avoir de l'eau.

Mare-aux-Vacoas aurait pu donner plus d'eau aux régions des hautes PlaineWilhems également», explique-t-il. Pour le Nord, il propose la construction d'un barrage à Calebasses. Cette mesure aurait soulagé Midlands Dam qui alimente La Nicolière. L'eau du Midlands Dam aurait pu être canalisée vers l'est.

Joe Lesjongard, ministre sortant des Services publics «Le financement du Rivière-des-Anguilles Dam est assuré»

Que proposez-vous pour améliorer la distribution d'eau ?

Ce secteur occupe une place prépondérante dans le plan de l'Alliance Lepep. Parmi nos projets prioritaires figurent la construction du nouveau réservoir de Rivière-des-Anguilles, la poursuite du programme de remplacement des tuyaux vétustes, mais aussi investir dans des stations de dessalement, promouvoir une gestion intelligente de nos ressources en eau, avec un système de vannes électroniques, encourager l'utilisation de l'eau recyclée et le captage des eaux de ruissellement et encouragerles familles touchant un revenu total ne dépassant pas Rs 75 000 à profiter d'un réservoir d'eau et d'une pompe gratuits. Le Water Resources Act redynamisera ce secteur tout en encourageant des investissements du privé.

Pour quelle raison à chaque élection et à chaque Budget la construction du Rivière-des-Anguilles Dam revient-elle sur le tapis ?

C'est un projet prioritaire qui a pris du retard. L'opposition reconnaît son importance. Ce projet est mentionné dans leur manifeste électoral. Il fallait entreprendre des études techniques comme c'est un projet d'envergure et très complexe. Nous avons l'obligation de respecter le cahier des charges. Il est arrivé à un stade avancé concernant le pre-bidding. Son financement est assuré. Il demeure un «must» pour atténuer le problème de distribution d'eau.

Qu'a fait votre gouvernement pour améliorer la distribution d'eau ?

La CWA compte un réseau de quelque 5 400 km de tuyaux dont 1 500 km sont très défectueux, et de ces 1 500 km de tuyaux, 500 étaient dans un état critique. Les fonds déboursés ont permis à la CWA de remplacer un total de 487,18 km de tuyaux comme suit : 295,65 km de tuyaux ont été remplacés par des équipes de la CWA, 145,34 km par de petits contracteurs et 46,1 km par les gros contracteurs.

Sept nouveaux service reservoirs ont été construits à travers le pays. Des service reservoirs ont contribué à un meilleur stockage d'eau et une meilleure distribution. Des filtres ont été installés à Tyack, Balisson, Grande-Marrais, Solitude, Argy, Constance, BoisPuant, Baie-du-Cap, Calebasses, Beau-Champ, Le Morne.

De nouveaux boreholes ont été mis en service à Terre-Rouge, L'Amitié, Malenga, Nouvelle-France, 16e Mile, Caroline-Balance, Beaux- Songes. Des forages sont en cours à Constance et dans quatre autres régions. Ces projets ont permis d'injecter 100 000 m3 d'eau additionnelles et réduire le nombre de water-stressed areas.

Est-ce que le dessalement est une solution ?

C'est une des solutions, mais pas la solution à tous nos besoins en eau. Nous avons travaillé sur un nombre de projets en prévision du changement climatique. Nous nous efforcerons de réduire au minimum le stress hydrique durant notre prochain mandat.

Patrick Assirvaden,responsable du dossier eau de l'alliance du changement

«Début des travaux du Rivière-des-Anguilles dam dans un an»

Que proposez-vous pour améliorer la distribution d'eau potable ?

Notre système de distribution date de plus de 70 ans. Les pertes d'eau représentent plus de 50 %. Le gouvernement a voulu réduire cette perte en changeant des tuyaux, mais nous voulons en faire plus. Chaque circonscription doit avoir au moins un réservoir de taille moyenne. Au lieu de quitter les stations de traitement pour aller dans de petits réservoirs ou chez l'individu, l'eau ira dans ce réservoir de taille moyenne.

À titre d'exemple, si actuellement, 100 mètres cubes d'eau quittent une station de traitement d'eau et finalement seulement 50 mètres cubes d'eau arrivent chez l'individu, nous pouvons tout changer avec ces nouveaux réservoirs. L'individu pourra avoir 75 mètres cubes d'eau au lieu de 50 mètres cubes d'eau.

Nous proposons la construction du barrage de Rivière-des-Anguilles et un mini-barrage à Constance. Il y aura neuf autres pour capter l'eau des rivières. Il faut revoir le fonctionnement de la Water Resources Unit qui gère mal ce secteur. Nous solliciterons l'aide étrangère. Il y aura un nouveau projet de loi et une unité spéciale pour identifier les fuites d'eau.

Pour quelle raison à chaque élection et à chaque Budget la construction du Rivière-des-Anguilles Dam revient-elle sur le tapis ?

C'est un projet initié par le Parti travailliste. Quand le MSM est arrivé au pouvoir en 2014, il n'a pas eu la volonté de le réaliser même s'il en parlait dans chacun de ses budgets. Si je deviens ministre responsable de ce dossier, je prends l'engagement que les travaux débuteront dans un an à 18 mois.

Qu'a fait votre gouvernement quand il était au pouvoir pour améliorer la distribution d'eau ?

Navin Ramgoolam avait sollicité l'expertise singapourienne pour un rapport sur la gestion et la distribution d'eau. La Malaisie et Dubaï en avaient fait de même. Malheureusement, il y a eu changement de gouvernement et nous ne savons pas où est le rapport. Il y a eu Ivan Collendavelloo qui a fait changer des tuyaux défectueux à sa façon.

Il y a eu le duo Joe Lesjongard-Prakash Maunthrooa qui est venu avec un autre style. Navin Ramgoolam, lui, s'était basé sur les propositions des Singapouriens. Le Midlands Dam et le Bagatelle Dam ont été initiés par nous.

Est-ce que le dessalement est une solution ?

Il faut commencer au niveau des hôtels. Le dessalement a un coût et un impact sur l'environnement. Le système produit du sel qui est toxique. Nous ne pouvons pas s'en débarrasser n'importe comment. Il faut une étude complète sur ce dossier.

Bashir Jahangeer, responsable d'eau de Linion Reform

«il faut aller vers le dessalement»

Que proposez-vous pour améliorer la distribution d'eau potable ? Il est possible d'offrir l'eau 24/7. En ce moment, la CWA remplace 5 à 10 km défectueux par année. Ce faisant, les tuyaux qui ont été remplacés avant sont vite endommagés. C'est un peu comme un médecin soignant des artères endommagées chez une personne.

Au lieu de tout réparer, le médecin le fait en morceau chaque année. Linion Reform propose de remplacer tous les tuyaux défectueux au coût de Rs 22 milliards en même temps. L'argent est disponible. Nous avons en tête la construction des barrages et des réservoirs aussi, mais nous proposons une idée novatrice qui se fait dans des pays secs.

Il faut stocker l'eau des rivières sous terre. Nous pouvons creuser des cavités sur la berge de Grande-Rivière-Nord-Ouest pour stocker l'eau sous terre. J'en avais parlé à un cadre de la Central Water Authority, mais il m'avait dit que cela allait coûter trop cher. Il y a des machines spéciales pour ce projet. Il faut aussi remplacer les anciens compteurs par les compteurs intelligents pour détecter les fuites.

Pour quelle raison à chaque élection et à chaque Budget la construction du Rivièredes-Anguilles Dam revient-elle sur le tapis ?

J'avais rencontré le responsable du Kuwait Fund en 2017. Il croyait que la délégation était venue pour signer un accord afin de financer la construc- tion du Rivière-des-Anguilles Dam. L'argent était prêt. Il y avait une somme de Rs 2,2 milliards avec un taux d'intérêt de 0,8 %. Ce responsable était surpris d'apprendre qu'il y avait un changement du gouvernement et que nous n'étions pas venus pour l'accord.

J'en avais parlé à Praivind Jugnauth qui m'avait référé à Ivan Collendavelloo, le responsable du dossier. Il m'avait dit : «Bashir, ne t'en fais pas. Le gouvernement français nous aidera. Ne t'en mêle pas.» Le gouvernement du Parti travailliste avait également l'occasion de réaliser ce projet, mais il était trop occupé à se préparer pour les élections de 2014.

Le dessalement est-il une solution ?

Un pays entouré de la mer doit pouvoir exploiter cette ressource. C'est devenu une nécessité. Nous avons désormais de nouvelles technologies qui ne coûtent pas cher. Il faut commencer par une unité à Tamarin.

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