Théâtre, poésie, chant, danse, cirque ou encore marionnettes... L'art de la scène est à l'honneur en ce moment à Nairobi. Depuis une semaine et jusqu'au 17 novembre, la capitale du Kenya accueille la 9ème édition du festival international de théâtre. Cette année, le KITFest présente une quarantaine de spectacles, avec des troupes du Kenya et d'autres pays. Une occasion de mettre en avant les arts du spectacle.
C'est la dernière répétition pour cette troupe avant la représentation du soir. La performance des acteurs mélange musique et narration. The Big Boys of Shibale évoque la vie d'un village affecté par la fermeture d'une usine de sucre. C'est la deuxième fois que la pièce est présentée au festival. Mark Wabwire en est l'auteur et directeur. Il compte sur le KITFest pour la mettre en avant. Le festival est une plateforme précieuse aussi pour des artistes qui ont besoin de se faire connaître et de rendre leur art rentable.
« Le grand public au Kenya n'a pas vraiment adopté le théâtre comme activité de loisir courante. Donc, gagner de l'argent pour les artistes, c'est difficile, constate-t-il. Parfois il faut faire un autre travail à côté, ou alors, nous, ces dernières années, nous avons investi notre propre argent pour monter notre spectacle. Là, à la fin de cette représentation, nous allons lancer un appel aux dons pour pouvoir nous produire en Ouganda. »
Les danseurs tanzaniens de Waka Waka s'apprêtent, eux aussi, à se produire sur scène. Zingo est l'un des artistes de la troupe. Danseur depuis 15 ans, il a monté une école de danse à Dar es Salam pour vivre de sa passion. « Vivre comme artiste en Tanzanie, ce n'est pas facile. Nous le faisons parce que nous sommes passionnés, mais c'est difficile d'être pris au sérieux. Pendant longtemps, la danse était vue comme un loisir et non comme une carrière professionnelle. Nous disions à nos parents que nous voulions être artistes, ils nous répondaient qu'on était fous. Heureusement, les mentalités évoluent petit à petit », rapporte-t-il.
Au festival, les représentations s'enchaînent. De quoi encourager les artistes. Qui restent optimistes de voir l'art du spectacle gagner en popularité.
« Longtemps, l'art du spectacle n'a pas été perçu comme une activité économique »
Chaque année, le KITFest acceuille plus de monde, étend ses dates et présente de nouveaux spectacles. Benson Ngobia est son directeur. « Pendant longtemps, l'art du spectacle n'a pas été perçu comme une activité économique au Kenya. Quand une personne disait être acteur, producteur ou danseur, la société ne les voyait pas comme une personne sérieuse. Alors que l'art théâtral fait partie intégrante de la culture kényane », témoigne-t-il.
« Les enfants écoutent des histoires le soir, dansent pendant les cérémonies, ceux qui grandissent au village sont habitués aux danses durant les récoltes. Lors des rites de passage, comme la circoncision, il y a aussi des danses, des chants, des récits... Mais la culture d'aller dans un théâtre pour assister à un spectacle, vient plutôt de l'occident. Nous l'avons adoptée petit à petit et aujourd'hui, nous avons un modèle qui reprend l'art du spectacle traditionnel africain, mais monté sur des planches. »
« Dans les régions rurales, c'est vrai qu'il n'y a pas encore forcément de théâtre professionnel, ou commercialisé, mais plutôt du théâtre communautaire. C'est-à-dire du théâtre pour le développement par exemple. Les ONGs ou le gouvernement notamment utilisent ces espaces pour faire passer un message. Mais finalement, dans ces zones rurales aussi, le théâtre reste populaire, même si moins commercialisé que dans les grandes villes. »