Un temps annulé par les autorités locales, puis autorisé à la dernière minute, le festival Amani s'est ouvert samedi 16 novembre, se tenant jusqu'à dimanche soir, soit deux jours de concerts. Amani - la paix en swahili - est un évènement majeur dans la sous-région qui célèbre ses 10 ans. Au premier jour, les festivaliers affichent leurs sourires et leur fierté d'assister à un événement dans une région où les tensions sont multiples.
Dans cette région où les tensions sont multiples, place donc à la fête, au partage, à la musique : la fanfare du Kivu - qui réunit des musiciens de Goma et de Bukavu - a ouvert le festival Amani sur un site majestueux avec, en fond de scène, le lac Kivu et ses montagnes.
La musique résonne désormais sur la grande scène, après une nuit très longue pour l'équipe du festival. Le pari, un peu fou, est réussi : près de 12 000 festivaliers étaient attendus samedi après-midi. L'entrée est à un dollar pour permettre au plus grand nombre de venir et d'oublier, un peu, les difficultés quotidiennes, de profiter de la musique, des grillades, et de retrouver les amis.
La chance est avec Amani, car la pluie tropicale, qui a trempé le site depuis le petit matin, s'est arrêtée avant l'ouverture. Fimbo Kalli et Willow Miller ont ambiancé le public avec leurs riffs de reggae acérés, avant Magic Pinokio, Jessy B ou encore le local de Goma, Lib B Piano.
« Oublier les problèmes » : la musique comme remède
L'alignement des sourires, les rires, les accolades et la joie des festivaliers montre à quel point ce festival est une fierté collective, salue Augustin Mosange, membre de l'équipe du festival : « De voir tous ces gens venir, cela montre encore l'amour qu'ils ont pour Goma, via cet événement qui est notre vitrine et est à l'image de la ville, la résilience, une jeunesse forte, courageuse et magique. »
Certains peuvent relever l'aspect presqu'irréel à voir ce festival lancé, tant les difficultés se sont multipliées cette semaine. Soit déjà un premier pas et une véritable réussite pour l'équipe du festival Amani. Cela en plus du temps court de préparation - une nuit pour monter le site, des nuits blanches et le stress de l'avant. La qualité artistique est la signature du festival et la musique devient médicament pour les festivaliers, en les faisant « oublier les problèmes, puisqu'on ne peut pas s'enfermer sur ces problèmes », opine Malika : « Il faut juste se détendre et le festival nous aide à le faire, le psychologique ! »
Acteur de la scène culturel de Goma, Dieu Veut savoure car l'idée, la volonté de porter un message de paix est fondamentale au sein d'Amani : « Il n'y a pas de tribu ici, on est tous Congolais avant tout. Et après, on se dit, on va chanter autour de la paix. Au festival Amani, on va parler de la paix et ensuite, la victoire sera à nous tous. Parce qu'on espère, qu'un jour, on vivra la paix. »