Alors que les représentants du gouvernement malgache ont milité pour l'obtention d'un statut officiel de « pays neutre en carbone » et de fonds pour maintenir ce statut, à deux jours de la clôture de la COP29, ce 20 novembre 2024, les représentants de la société civile malgache ont décidé eux aussi de frapper fort.
Les militants de la préservation de la biodiversité ont dénoncé l'indulgence des bailleurs à l'égard d'Antananarivo et de deux de ses projets routiers : l'autoroute Tana-Tamatave et la Route du Soleil, projets pharaoniques considérés comme opaques et destructeurs de l'environnement par leurs détracteurs.
Intitulé Le FMI met en péril les forêts vitales de Madagascar, le communiqué signé par plus de 60 organisations malgaches de la société civile met en lumière une situation peu reluisante, et maintes fois décriées sur l'île. « Si on est là, à Bakou [en Azerbaïdjan, pour la COP29, NDLR], c'est pour dénoncer le décalage entre les grands discours prononcés par Madagascar sur la scène internationale et la réalité sur terrain », explique Corrine Rahoeliarisoa, coordinatrice pays de la Coalition nationale de plaidoyer environnemental.
« Notre gouvernement demande à juste titre des grands financements pour lutter contre les effets des changements climatiques, ajoute-t-elle. Mais en même temps, il lance la construction de routes qui, en l'état actuel, si les tracés ne sont pas modifiés, vont saccager nos dernières forêts primaires de manière irréversible. »
« Le FMI ferme les yeux sur des projets qui vont aggraver notre crise climatique »
Ce qui irrite particulièrement les défenseurs de l'environnement, à commencer par Jean-Philippe Palasi, fondateur d'INDRI, un centre d'expertise et de plaidoyer environnemental malgache, c'est le prêt de 321 millions de dollars que le Fonds monétaire international (FMI) vient d'accorder à Madagascar pour financer la résilience climatique sur l'île : « Bien sûr, il y a des conditions à remplir, mais elles sont beaucoup trop faibles, surtout parce que la société civile n'a pas été correctement consultée. Et concrètement, ça veut dire que le FMI ferme les yeux sur des projets qui vont aggraver notre crise climatique au lieu de la résoudre. Déjà, actuellement, à Madagascar, on a de très sérieux problèmes de sécheresse et de pénurie d'eau. Et si on abîme encore plus les forêts, la situation risque de devenir encore plus dramatique. »
Les signataires de la missive confirment que Madagascar a évidemment besoin de financements pour s'adapter aux changements climatiques mais implorent les bailleurs de ne pas verser les fonds prévus, tant que la protection de ces forêts ne sera pas garantie.