Le coordonnateur de l'Unité de traitement ambulatoire (UTA) du VIH Sida dans la région de Kolda (sud) Dr Thierno Chérif Sy a déploré, mercredi, le retard constaté dans le dépistage, plombant ainsi les efforts consentis dans le cadre de la lutte contre cette maladie.
"Le constat que nous faisons, ici, à Kolda est que malheureusement nous dépistons souvent tardivement les patients. Ils viennent à un stade avancé de la maladie", a-t-il déclaré lors d'une séance de travail avec l'Association des journalistes en santé population et développement (AJSPD).
Cette rencontre s'est tenue dans le cadre d'une caravane de presse dans la région de Kolda, organisée en collaboration avec le Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS).
De l'avis du praticien, la prise en charge des patients passe d'abord par le diagnostic, qui repose sur des stratégies de dépistage intégrées à l'endroit de la population générale.
"L'idéal aujourd'hui, si nous voulons que l'infection à VIH ne soit plus un problème de santé publique à l'horizon 2030, est de faire en sorte que les patients soient dépistés très tôt, au stade précoce de la maladie", a recommandé Thierno Chérif Sy.
Pour encourager les gens à effectuer le dépistage du VIH, il préconise de l'intégrer dans celui d'autres pathologies chroniques telles que l'hypertension artérielle, le diabète, l'hépatite virale B pour que les populations puissent adhérer à cette stratégie.
Un seul médecin 1 824 patients
Le coordonnateur de l'Unité de traitement ambulatoire du VIH Sida de Kolda recommande par ailleurs le relèvement du plateau technique des structures sanitaires, déplorant la situation dans la région où un seul médecin, lui en l'occurrence, s'occupe des 1 824 patients.
"Il est vrai que j'ai une équipe composée d'assistants sociaux et d'infirmiers, mais il n'y a qu'un seul médecin qui prend en charge les patients", a signalé le docteur Sy, ajoutant qu"'il existe des difficultés pour le continuum de soins".
Il a également relevé que le service de radiologie du district sanitaire de Kolda ne fonctionne pas depuis plus d'un an, alors que la radiographie occupe une place importante dans le diagnostic, notamment de la tuberculose et d'autres infections opportunistes.
"Ces difficultés ne plaident pas en faveur d'une bonne prise en charge des personnes vivant avec le VIH qui, pour la plupart n'ont pas de ressources. Et les mutuelles de santé que nous avons actuellement au Sénégal ne prennent pas en compte les maladies chroniques", a signalé le responsable de la prise en charge du VIH Sida à Kolda.
Le taux de prévalence dans cette région, largement supérieur à la moyenne nationale de 0,3%, est de 1,7%, selon le directeur régional de la Santé, docteur Yaya Baldé.