Au Rwanda, le gouvernement a récemment annoncé l'arrêt de l'enregistrement, dans la capitale Kigali, de nouveaux moto-taxis à moteur à partir de janvier 2025. Une décision destinée à promouvoir la mobilité électrique et réduire la pollution de l'air dans la métropole.
Un simple clic, quelques secondes et Idrissa Harerimana enlève d'un coup la batterie de sa moto électrique devant une station de rechange.
« Je viens changer de batterie. C'est très rapide. En une minute, c'est fini. C'est encore plus rapide qu'un plein d'essence dans une station-service », dit-il.
Au démarrage, un faible sifflement, bien loin des vrombissements de moteurs... Idrissa ne regrette pas sa transition à l'électrique, en juin dernier : « J'ai changé pour l'électrique parce que le prix de l'essence ne faisait qu'augmenter. Je dépensais 13 500 francs rwandais (moins de dix dollars) d'essence par jour de travail. Maintenant, je paye 7 500 (environ 5,5 dollars) pour les batteries. La différence est énorme. »
À partir de janvier prochain, tout nouveau moto-taxi enregistré à Kigali devra être électrique, une décision historique pour la demi-douzaine d'entreprises de mobilité verte du pays.
« Il y a beaucoup d'émissions de carbone et nous voulons les réduire. Nous avons contribué avec 1 300 motos électriques, et avec tous les acteurs dans le pays, il y en a plus de 4 000. La mobilité électrique est toujours lente à faire accepter, mais avec ce genre de politique, ça devient plus facile », souligne Arun Bhandari, directeur des opérations au Rwanda des motos Spiro.
Sur plus de 110 000 motos enregistrées, la mobilité électrique reste encore minoritaire. Le prochain défi consistera à étendre le secteur, pour l'instant concentré principalement dans la capitale et sa périphérie, au reste du pays.
Introduction en Afrique des transports électriques : doucement mais sûrement
La mobilité électrique s'introduit lentement sur le continent africain, en particulier pour les deux-roues, mais aussi pour les bus et les transports en commun dans certains pays.
Malgré des freins, comme le coût plus élevé à l'achat par rapport aux véhicules essence ou encore l'accès à un réseau électrique fiable et constant, certains gouvernements tentent de favoriser l'introduction de cette mobilité verte sur leur territoire.
C'est ce que nous explique Yao-Tsoekeo Amedokpo, géographe, chargé de recherche au laboratoire Ville, Mobilité et Transport à l'École des ponts et chaussées, joint par RFI : « C'est une dynamique très récente et qui par ailleurs est plus ou moins soutenue par les acteurs publics. Dans des pays comme le Rwanda, on a un soutien très fort et très marqué. Dans d'autres pays, ce soutien est progressivement en construction. Je prends l'exemple du Togo et du Bénin qui ont introduit très récemment des mesures incitatives justement pour réduire les coûts liés à l'importation de ces véhicules. La Côte d'Ivoire vise à faire pareil et le Sénégal s'éveille également à la mobilité électrique ».
« Il y a certains pays africains qui ont commencé à s'inspirer des politiques publiques mises en oeuvre, notamment en Asie, où on a vu que les politiques incitatives sont corrélées à des conditions où, par exemple, on va demander à un fabricant de produire, tout ou une certaine partie des accessoires de la moto, localement. Et ça, on le voit un peu dans les politiques que le Rwanda est en train de définir sur son seuil », précise Yao-Tsoekeo Amedokpo, géographe, chargé de recherche au laboratoire Ville, Mobilité et Transport à l'École des ponts et chaussées.