Afrique de l'Ouest: L'AES s'invite au Mali

25 Novembre 2024
analyse

Pour ceux qui en doutaient encore, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) est bien devenue de manière un peu curieuse, une réalité au quotidien des bamakois. Les signes de nervosité exprimés récemment à l’encontre de l’opposant malien en témoigne. Dans cette affaire qui frôle « l’ingérence dans les affaires intérieures » qui serait évoquée en d’autre temps, on a l’impression d’assister à un début d’incident diplomatique entre le Mali et le Burkina.

En effet, le doute exprimé par l’opposant Issa Kaou Djim, vis-à-vis des allégations du régime du capitaine Ibrahima Traoré relatives à un coup d’Etat déjoué, lors d’une émission de Joliba Tv NEWS, lui valent une convocation et une détention à la prison civile de Bamako. Il lui est reproché, selon des sources proches de l’affaire d’«offense commise publiquement envers un chef d’État étranger et injures commises par le biais d’un système d’information », en soutenant que « c’était un montage » et cela sans preuve.

Le problème au fond c’est moins la déclaration faite le 10 Novembre dernier dans une émission locale, mais plutôt le fait que l’autorité de régulation du Burkina Faso ait saisi son homologue du Mali pour lui demander de « réserver toute suite qu’elle jugera appropriée à la diffusion de cette émission », et que la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali se soit exécutée avec une telle célérité, par une décision aussi disproportionnée.

En effet, la HAC a retiré la licence de diffusion à Joliba TV News qui avait diffusé l’émission incriminée, provoquant une réaction unanime des professionnels de médias maliens.

Il faut rappeler que M. Issa Kaou Djim un des soutiens du Général Assimi Goita, a occupé jusqu’à une période récente le poste de 4ème vice-président du Conseil National de la Transition (organe législatif de la transition) avant d’être révoqué à cause de ses positions sur la durée trop longue de la tradition.

Il dirige aujourd’hui la plateforme Appel citoyen pour la réussite de la transition, qui milite en faveur de la fin de la transition.

Tout laisse croire qu’on veut faire taire un acteur gênant et que le prétexte est bien trouvé pour le mettre hors du jeu politique. Reste maintenant à savoir si la succession des faits récents au sommet de l’Etat, ne va pas cristalliser les éventuelles retrouvailles politiques des acteurs du M5-RFP originel avec le limogeage de l’ancien premier Ministre Choguel Maiga, à peu près pour les mêmes faits, et les autres composantes de la vie politique. Qui sait ?

Cette situation, pourrait contrarier le projet de la Junte, qui d’ailleurs a exprimé sa volonté de présenter Assimi Goita à la prochaine présidentielle, pour consolider résolument sa dynamique au sein de l’AES.

Les prochaines semaines ne manqueront pas de révéler les véritables intentions des civiles qui veulent revenir au pouvoir et les militaires qui semblent « consolider leurs positions ».

D’aucuns pensent que cet état de fait n’est pas nouveau, on peut le leur concéder, car le remplacement de Choguel Maiga aussitôt après, par celui qui assurait son intérim (Général Abdoulaye Maiga) pendant qu’il soignait son AVC, montre en effet que tout avait été préparé pour garder le projet AES entre les mains des militaires.

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