Burundi: Les réfugiés comme catalyseurs du développement local au pays

Un groupe de réfugiés burundais au poste-frontière de Nemba. jeudi 15 octobre.
communiqué de presse

La présence de réfugiés dans les communautés burundaises s'est avérée être un catalyseur pour le développement local, transformant les défis en opportunités de croissance et de collaboration. Les réfugiés apportent des compétences, des expériences et des perspectives culturelles diverses qui enrichissent les communautés hôtes, favorisant ainsi l'innovation et la résilience.

Le projet, PRODECI-Turikumwe financé par l'Association Internationale de Développement (IDA), tire parti de ces forces en soutenant les réfugiés et leurs communautés hôtes par le développement de microentreprises, l'amélioration des soins de santé et l'aide à diverses associations visant à promouvoir le développement durable. Cette initiative a amélioré la qualité de vie des réfugiés et des résidents et a mis en lumière les contributions significatives que les réfugiés peuvent apporter au développement économique et social d'un pays.

Le Burundi compte en effet, environ 90 000 réfugiés vivant dans cinq camps, dont plus de 90 % viennent de la République Démocratique du Congo et le reste du Rwanda, du Soudan, de l'Ouganda et de la République centrafricaine.

L'impact de la coopérative Upendo".

« C'est merveilleux de voir les réfugiés et la communauté hôte travaillant ensemble, créant des emplois et générant des profits pour eux-mêmes et leurs familles », a déclaré Consolatte Masama, une réfugiée du camp de Musasa. Consolatte dirige la Coopérative Upendo, qui se spécialise dans la culture de champignons à des fins commerciales et assure une nutrition équilibrée. La coopérative a été initiée lorsque la nourriture fournie aux réfugiés était insuffisante et que des signes de retard de croissance étaient observés chez les enfants de moins de cinq ans. Avec un plan d'affaire et un capital de la coopérative déjà en place, le projet a appuyé la coopérative pour la construction des infrastructures, formation des travailleurs et le démarrage de la production.

« Nous avons reçu une formation pour produire des champignons et des intrants de haute qualité pour augmenter la production. En moins de trois mois, nous avons augmenté notre production de 3 000 à 7 000 lots par mois. Avec le coût élevé de la viande, la communauté se tourne vers les champignons, qui sont tout aussi nutritifs », a expliqué Consolatte.

Améliorations des soins de santé

Le camp de Musasa abrite 9 000 réfugiés qui devaient marcher plus d'une heure pour recevoir des soins de santé, y compris des services de maternité. Désormais, un centre de santé à seulement deux minutes du camp a été rénové et équipé de soins modernes et d'installations de maternité. La capacité du centre a été doublée, et il gère maintenant au moins 50 naissances par mois, dont 20 césariennes. « Le centre de santé est maintenant équipé de matériel de maternité moderne, de lampes chauffantes, de concentrateurs d'oxygène et d'équipements de protection. Nos praticiens ont également reçu une formation pour utiliser cet équipement moderne afin de mieux servir les patients », a déclaré le Dr Prosper Irakoze, chef du centre de santé du camp de Musasa.

Parmi les autres améliorations figure la transformation d'un centre de santé à Rusimbuko en hôpital. Cet hôpital moderne dessert désormais plus de 120 000 personnes dans la région, dont 7 300 réfugiés. Sa capacité a été augmentée pour accueillir 100 patients.

« Nous sommes très heureux non seulement de la proximité de cet hôpital, mais aussi des services qu'il offre. En tant que mère, je n'ai plus besoin de parcourir de longues distances pour faire soigner mes enfants, car les jeunes enfants ont souvent des problèmes de santé », a déclaré Nahimana Gregonie, une bénéficiaire de l'hôpital de Rusimbuko.

Autonomisation économique grâce à l'agriculture

Alors qu'un grand nombre de Burundais dépendent de l'agriculture pour leur subsistance, les bénéficiaires de ce projet ont reçu un soutien clé pour exploiter l'agriculture afin de parvenir à la croissance économique, sortant ainsi de l'agriculture de subsistance. Avant de recevoir le soutien de PRODECI-TURIKUMWE, les bénéficiaires, principalement des coopératives, avaient élaboré un plan d'affaires. Grâce au financement du projet et à l'assistance technique, la coopérative de Gasorwe a par exemple amélioré sa culture de maïs, obtenant un bon rendement grâce à de nouvelles méthodes qui combinent engrais chimiques et fumier organique. Pour la récolte de 2024, ils ont reçu 9 tonnes de maïs, réalisant un surplus.

« Alors que d'autres vendaient leur récolte, nous avons donné la priorité à nourrir nos familles et à transformer le surplus. Nous avons transformé le maïs en farine fortifiée pour la bouillie et la pâte de maïs. Grâce à nos contacts, un autre jeune nous a aidés à trouver un marché en dehors du Burundi, notamment au Canada. À ce jour, nous avons exporté 4 tonnes, que nous vendons à 3 $ le kg », a déclaré Jean Bosco Tombola, président de la Coopérative de Gasorwe.

Ils s'associent maintenant à d'autres associations pour acheter leurs récoltes et augmenter leur capacité d'exportation, en diversifiant notamment les types de farine qu'ils exportent, qui sont bio et saines. Leur ambition est d'impliquer d'autres jeunes de différentes localités avec diverses cultures pour élargir encore leur gamme de produits d'exportation. « Nous voyons un potentiel dans l'exportation et voulons encourager d'autres associations soutenues par le projet à cultiver des produits qui nous manquent mais qui seraient utiles pour l'exportation », a ajouté Jean.

La création d'emplois, la formation et l'acquisition d'expérience professionnelle ont été des facteurs supplémentaires découlant de l'exportation de ces cultures. Lors de la production de cette farine, ils ont créé des emplois pour 38 jeunes chômeurs et fourni 1,100 hommes/jour de travail pendant la culture. La population autochtone Batwa a également été incluse parmi ces travailleurs. La coopérative a réussi à exporter de la farine de maïs, de la farine de manioc et des arachides, avec des plans d'expansion supplémentaires.

« J'étais ici il y a sept ans lorsque le projet était en préparation. Aujourd'hui, je suis de retour au Burundi et la mise en oeuvre de ce projet est très impressionnante. Ce n'est pas seulement de la nourriture sur la table et de l'argent dans la poche, mais il y a du bonheur dans les foyers des bénéficiaires », a déclaré Varalakshmi Vemuru, Directrice Sectorielle pour le développement Social à la Banque Mondiale.

Le projet a amélioré les conditions de vie de ses membres et aborde également les problèmes de malnutrition locale. Le travail accompli par les bénéficiaires est un modèle de cohésion sociale, comprenant à la fois des réfugiés congolais et la communauté hôte burundaise.

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