L'ONU Femmes, en collaboration avec le Réseau des Médias Africains pour la Santé et l'Environnement (REMAPSEN), a ouvert ce 4 décembre 2024 à Dakar, Sénégal, un forum des médias sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles en Afrique, sous le thème « Respect des droits et autonomisation de la femme ».
Après Dakar en 2022, consacré au VIH, et Lomé en 2023, axé sur la santé infantile, Dakar accueille pour la deuxième fois le forum du REMAPSEN, cette fois dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles en Afrique.
Des journalistes membres du REMAPSEN, venus de 28 pays, se réunissent pour renforcer leurs capacités afin de mieux promouvoir les droits des femmes et des filles. Lors de l'ouverture des travaux, les différents intervenants ont souligné le rôle crucial des médias dans la lutte contre les violences basées sur le genre.
« En Afrique, où les défis liés aux inégalités et aux violences persistent, les médias peuvent servir de catalyseur pour une prise de conscience collective sur les enjeux d'équité et d'égalité de genre, essentiels pour atteindre un développement durable. Cet objectif, partagé par tous les pays africains, ne sera possible qu'en autonomisant les femmes et les filles et en éradiquant les violences basées sur le genre », a affirmé Oumar Samb, premier conseiller technique du ministre sénégalais de la Famille et des Solidarités.
Il a ajouté que ces violences, exacerbées par des normes socioculturelles et des préjugés, affectent la dignité, la santé et le bien-être des femmes et des filles, freinant ainsi leur participation au développement des pays africains et leur aspiration à des sociétés inclusives et solidaires.
Les médias sont donc invités à jouer un rôle clé dans cette lutte.
Le président du REMAPSEN, Youssouf Bamba, a pour sa part souligné que ce forum vise à renforcer l'engagement des médias dans cette cause.« Les médias ont la capacité d'orienter les débats politiques et les décisions en faveur des droits des femmes », a-t-il déclaré.
Une action dans le cadre des 16 jours d'activisme
Pour Arlette Mvondo, représentant résident de l'ONU Femmes, au Sénégal, ce forum s'inscrit dans le cadre des 16 jours d'activisme (du 25 novembre au 10 décembre 2024), une campagne annuelle internationale qui met en lumière l'urgence de lutter contre les violences faites aux femmes.
Elle a rappelé que, selon les premiers rapports du processus de Beijing 2030, 79 % des États de l'Afrique de l'Ouest et du Centre ont adopté des plans d'action nationaux pour éradiquer les violences basées sur le genre au cours des cinq dernières années. Parmi ces pays, 90 % ont introduit ou renforcé des législations spécifiques.
« Nous saluons ces avancées, mais la réalité montre que la violence reste omniprésente et dévastatrice. Toutes les 10 minutes, une femme est tuée par un partenaire intime ou un membre de sa famille. Aucun pays n'est épargné, et aucun n'a encore éliminé ce fléau », a-t-elle alerté.
Mme Mvondo a insisté sur la nécessité d'une action audacieuse et transformatrice :
« Nous avons besoin d'investissements accrus, d'innovations et d'une volonté collective, notamment des médias, pour combler les lacunes persistantes dans les domaines de l'autonomisation, du leadership des femmes et de l'application des lois. »
Transformer les normes sociales
Les médias, grâce à leur capacité à influencer les attitudes et comportements sociaux, jouent un rôle central dans la transformation des normes sociales. Ils peuvent promouvoir une culture de respect, d'égalité et de justice sociale.
Mme Mvondo a appelé les journalistes à placer la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que leur autonomisation, au coeur de leur agenda.
« Chaque reportage, article ou image peut contribuer à bâtir un monde où les femmes et les filles ne sont plus réduites au silence par la peur et la violence, mais où leurs droits et leur dignité sont protégés et respectés », a-t-elle conclu.