Soudan: Les combats autour du camp de Zamzam pourraient retarder l'arrivée des convois d'aide du PAM

4 Décembre 2024

Des tirs d'artillerie intenses dans le camp de Zamzam au Darfour Nord - le seul endroit au monde où la famine est confirmée - perturbent la distribution de l'aide alimentaire et mettent en danger les civils et les travailleurs humanitaires, a averti mercredi le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

Selon l'agence onusienne basée à Rome, les attaques pourraient retarder l'arrivée de ses convois d'aide en route pour le camp.

« Ces livraisons sont le seul moyen d'inverser la tendance de la famine », a dit le PAM sur le réseau social X, exprimant sa vive préoccupation pour la sécurité des civils dans le camp et de leurs partenaires sur le terrain. Le PAM n'a actuellement pas de personnel dans le camp.

Ces livraisons sont le seul moyen d'inverser la tendance de la famine.

Un convoi de camions du PAM est arrivé à Zamzam le 22 novembre avec une aide alimentaire pour 12.500 personnes, la première aide alimentaire du PAM à atteindre le camp depuis des mois. Il a quitté le camp le 29 novembre. Toute l'aide alimentaire de ce convoi a été distribuée aux familles.

Plus de 230 jours depuis le début du siège d'El Fasher

Hier mardi , les Nations Unies avaient condamné le bombardement meurtrier du camp de Zamzam, le plus grand site de personnes déplacées internes dans la région du Darfour au Soudan.

La Coordinatrice résidente des Nations Unies au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a ainsi exprimé sa profonde inquiétude concernant les rapports des organisations d'aide humanitaire selon lesquels le camp de Zamzam a été la cible de tirs et de bombardements intenses dans la soirée du 1er décembre et à nouveau le 2 décembre.

« Les civils et les infrastructures civiles sont protégés par le droit international humanitaire et ne devraient jamais être pris pour cible », a-t-elle souligné.

Selon les organisations humanitaires, les tirs d'artillerie ont tué au moins cinq personnes et en ont blessé 18, ce qui a entraîné l'évacuation d'un hôpital et la suspension des opérations de soins de santé dans le camp, qui est situé près d'El Fasher, la capitale de l'État du Darfour-Nord.

« Cela fait maintenant 232 jours que le siège d'El Fasher a commencé, ce qui a entraîné des niveaux inacceptables de souffrance humaine », a rappelé Mme Nkweta-Salami.

Le plus grand nombre de cas de malnutrition en Afrique de l'Est

Ces derniers développements interviennent alors que le Soudan compte le plus grand nombre de cas de malnutrition en Afrique de l'Est, avec environ 3,7 millions d'enfants âgés de 6 à 59 mois et 1 million de femmes enceintes et allaitantes souffrant de malnutrition aiguë.

Selon l'ONU, environ 40 à 45 % de la population du pays aura besoin d'une aide alimentaire humanitaire en mai 2025.

Vingt-neuf localités ont enregistré des taux de malnutrition aiguë globale (MAG) supérieurs au seuil d'urgence mondial de 15 %, tandis que trois localités du Darfour Nord ont enregistré des taux de MAG supérieurs à 30 % (phase 5 de l'IPC, Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire).

Les dépistages effectués dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le nord du Darfour, indiquent que 35 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë, dont un tiers de malnutrition sévère.

Les défis de l'accès pour éviter la famine

Alors que le début de la récolte principale de 2024 en novembre devrait atténuer l'insécurité alimentaire dans certaines parties du Soudan, des résultats graves à extrêmes sont attendus dans les zones les plus durement touchées par le conflit.

« Dans les zones assiégées d'Al Fasher, au Darfour Nord, il est possible que la famine (phase 5 de l'IPC) persiste à Zamzam et dans les camps de personnes déplacées à proximité pendant une bonne partie de la période de soudure 2025 si l'aide continue d'être contrecarrée », a ainsi détaillé dans son dernier rapport de situation, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

L'aggravation de la famine, de la malnutrition aiguë et de la mortalité dans et à proximité d'autres zones assiégées avec des niveaux élevés de déplacement, telles que Dilling, Kadugli et Al Burham dans le Kordofan méridional, suscite également de vives inquiétudes. Parallèlement, il existe un risque de famine (phase 5 de l'IPC) dans d'autres zones à fort déplacement de civils dans la région du grand Darfour et à Khartoum.

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