Sendy Forlemu, Guy Martial Tchinda et Valery Kiloh sont les élus du jury. Ils ont reçu des prix le jeudi 05 décembre 2024, au cours d'une cérémonie tenue dans un hôtel de Yaoundé.
Sendy Forlemu, journaliste au journal d'expression anglaise, « The Post Newspapers » basé à Buea, est en joie ce jeudi 05 décembre 2024 à Yaoundé. Son visage longiligne est radieux. Sa voix fluette est tremblante. Ses mots sont entrecoupés. Elle a de la peine à réaliser et à exprimer qu'elle vient d'être distinguée, au rang de 15 confrères ayant concouru dans la catégorie presse écrite, comme la meilleure suite au concours du reportage humanitaire lancé par la Croix Rouge camerounaise, du 12 aout au 12 novembre 2024, dans le cadre de la célébration de l'an 75 de la Convention de Genève relative aux droits des civils en temps de guerre.
La jeune dame à la silhouette raffinée envisage désormais son avenir professionnel positivement. Cette récompense constitue ainsi pour Sendy Forlemu une motivation à s'engager davantage dans une trajectoire professionnelle de « journaliste femme » sensible aux questions humanitaires. Ce concours baptisé «les Awards du reportage humanitaire» a été organisé avec le soutien de l'Ambassade de Suisse à Yaoundé.
Papiers sur l'accès à l'éducation
Pour convaincre le jury présidé par le Pr Baba Wamé, enseignant de journalisme, et intégrant notamment Xavier Messé, journaliste chevronné et le conseiller juridique auprès de la délégation la Croix Rouge à Yaoundé, la lauréate a rédigé un reportage qui traite des difficultés liées à l'accès à l'éducation en zone de guerre. L'ancienne étudiante de l'université de Buea, sa ville de résidence, a puisé, dans les réalités de la région du Sud-Ouest en proie, comme celle du Nord-Ouest, depuis 2016, à un conflit armé interne entre les groupes séparatistes armés et les forces gouvernementales camerounaises.
Toujours d'expression anglaise, le lauréat ayant reçu le prix du meilleur reportage dans la catégorie télévision est lui aussi radieux. Il a produit deux papiers diffusés sur les antennes de l'office de diffusion des radios et télévisions du Cameroun (Crtv en anglais). Il se nomme Valery Kiloh. Son premier papier porte sur l'accès à l'éducation avec l'implication des anciens combattants séparatistes qui veulent retourner à l'école après leur repenti et reconversion au centre des réhabilitations des ex combattants séparatistes de Bamenda. Ce journaliste a aussi traité de l'accès aux soins de santé en zone de guerre.
Au cours de réception de son trophée, il a expliqué à l'assistance que la réalité du Nord-Ouest offre l'image d'une zone scolaire dépeuplée et dégarnie depuis le déclenchement de la crise en 2016. Abordant cette crise sur l'angle de l'exposition des corps mutilés, Guy Martial Tchinda, a été couronné dans la catégorie presse cybernétique.
« Crise sociopolitique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : Des dépouilles mutilées et exposées tels des trophées de guerre » est le titre de ce travail diffusé le 08 novembre 2024 sur www.inclusionactu.com et distingué par le jury face à celui de 17 autres acteurs du clavier. Seul imprévu au cours de cette célébration, aucun prix n'a été remis dans la catégorie radio où de nombreux postulants se sont rivalisés...
Des tiers impartiaux
Olivier Gagnebin, le représentant de l'Ambassadrice de Suisse à Yaoundé, a salué l'engagement de la Croix Rouge a donné un sens à la célébration de 75 ans de la Convention de Genève sur les droits des civils en zone de guerre en intégrant dans son chronogramme d'activités la formation des journalistes au reportages humanitaires et l'organisation d'un concours pour stimuler l'émulation des professionnels des medias en la matière.
Pour ce diplomate, comme pour Stéphane Bonam, chef de la délégation régionale de la Croix rouge en Afrique centrale, il est constant que « les médias jouent un rôle primordial dans les foyers de tension à travers le monde, et ce du fait de leur capacité à embraser ou apaiser la situation à travers leur couverture des évènements. Ils constituent aussi un relais important de l'information sur la situation des victimes, leurs besoins, ainsi que sur l'action des organisations humanitaires ».
Dans le contexte camerounais marqué par deux crises armés fortes, ce rôle est parfois mal compris tant par les journalistes eux-mêmes que par les autres acteurs sur le terrain et par les populations. Parce que par des « reportages en temps de guerre, les journalistes peuvent conditionner l'opinion publique ».
C'est dans cette logique le représentant du ministre de la Communication, invite les journalistes à se détourner de la chasse au scoop, du journaliste spectacle pour travailler professionnellement. L'émissaire du ministre René Emmanuel Sadi ne sait point préoccuper « des conditions de travail et la sécurité des journalistes qui ne cessent de se détériorer en temps de guerre ». Rosine Solange Kam Belinga , coordinatrice Prévention/CICR et Hyacinthe Olinga Eloundou, responsable Communication/CRC ont assuré la coordination administrative de cette activité marquée par la formation de 140 journalistes sur les questions du droit international humanitaire dans les représentations locales de la Croix Rouge au Cameroun notamment à Yaoundé et à Bamenda.
Reste que le pari réalisé par les 47 journalistes ayant participé à cette première édition des Awards du reportage humanitaire organisé par le Croix Rouge, en produisant 53 contenus médiatiques, est appréciable. « De ce que j'ai vu, la qualité était au rendez-vous », affirme Stéphane Bonam qui souhaite que « les journalistes soient des tiers impartiaux et non des relais de l'information».