Kenya: Indignation après la répression par la police d'une manifestation contre les féminicides

La police anti-émeute patrouille dans les rues de Nairobi.

Au Kenya, une manifestation contre les féminicides s'est rapidement heurtée à la police mardi. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Nairobi, la capitale, pour dénoncer les violences faites aux femmes. Cette année, le pays été secoué par plusieurs affaires choquantes, comme l'assassinat de la coureuse Rebecca Cheptegei, ou encore la découverte de dizaines de corps de femmes démembrées dans une décharge de la banlieue de Nairobi.

C'est tout de noir vêtus que les manifestants défilent à Nairobi. Le noir, en hommage aux femmes victimes de violences, à l'occasion de la fin des « 16 jours d'activisme », une campagne d'action internationale contre les violences basées sur le genre. Sauf que très vite, la police tire des gaz lacrymogènes.

La sénatrice Jane Kihungi, n'en revient pas. « On est surprises et inquiètes. Qu'est ce qui se passe dans notre pays ? Cela signifie que les autorités ne prennent pas les féminicides au sérieux. On essaie juste de faire entendre nos idées. On ne veut plus d'enlèvements, plus de meurtres. Ça doit s'arrêter. »

97 femmes tuées en 90 jours

En octobre, le directeur des Affaires criminelles kényanes a annoncé l'assassinat de 97 femmes en 90 jours. Pourtant, il l'assure : le sexe des victimes n'a rien à voir dans ces affaires. Ce déni fait enrager Nicole, une manifestante kényane.

« Ces féminicides doivent s'arrêter. Je ne supporte pas l'idée que les coupables s'en sortent. Si la police était de notre côté, il n'y aurait pas eu de gaz lacrymogène. Je ne comprends pas pourquoi ils sont contre nous. Supportent-ils les féminicides ou sont-ils de notre côté pour que cela s'arrête ? »

« S'ils prenaient les féminicides au sérieux, on n'en serait pas là »

Pour Winnie, la police fait partie intégrante du problème. Elle en veut pour preuve le scandale de Mukuru, où des dizaines de corps de femmes démembrés avaient été retrouvés en juillet dans une carrière à côté d'un poste de police.

« Vous voulez me faire croire que les policiers n'étaient pas au courant ? Bien sûr que si, mais ils n'ont rien fait. Ils ont juste raconté des histoires pour endormir l'affaire. Et le suspect, comment s'est-il échappé d'un poste de police ? S'ils prenaient les féminicides au sérieux, on n'en serait pas là », s'emporte-t-elle. Le principal suspect dans l'affaire de Mukuru est toujours en fuite.

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