Dakar — Le directeur adjoint des droits humains, Babacar Diouf, juge injuste la pénalisation de la transmission du VIH Sida, sauf dans les cas de contamination intentionnelle.
« L'application du droit pénal est une injustice contre les personnes vivant avec le VIH, sauf si une personne décide délibérément de contaminer une autre personne », a déclaré le magistrat.
Il animait une conférence sur le thème « Suivre le chemin des droits pour l'élimination du Sida au Sénégal », une activité organisée mercredi dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le Sida par le Conseil national de lutte contre le Sida.
Selon le directeur adjoint des droits humains au ministère de la Justice, le droit de la santé n'est pas judiciarisé au Sénégal. « Ce qui ne va pas, c'est la pénalisation. Il s'agit d'un obstacle à la lutte contre le Sida », a-t-il soutenu.
« La pénalisation du VIH nuit au droit. Elle est injuste lorsqu'elle vise une personne qui ne peut pas dévoiler son statut », a-t-il argumenté.
« Nous devons savoir que des droits proclamés qui ne sont pas effectifs n'ont pas d'utilité », a-t-il dit, en faisant observer que « la loi sur le Sida est inconnue de certains acteurs judiciaires ».
« Le manque d'information des acteurs judiciaire est un frein à la lutte. Les acteurs n'ont pas d'information sur certaines données sanitaires », a-t-il indiqué.
Dans ce sens, Babacar Diouf invite le Conseil national de lutte contre le Sida à « outiller les acteurs judiciaires », afin qu'ils puissent mieux participer à la lutte contre le Sida.
Il juge impératif de lutter contre la stigmatisation et la discrimination.
Samba Cor Sarr, directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l'Action sociale, a pour sa part relevé que le thème consacré à la Journée mondiale de lutte contre le Sida, à savoir « Suivre le chemin des droits pour l'élimination du Sida au Sénégal », fait renaitre la question des droits humains dans la lutte contre le VIH.
« Le chemin de la lutte contre le Sida est parsemé de problématiques liées aux droits : droit à la santé, droit à l'accès aux soins et aux traitements, droit à un environnement favorable, droit à un monde plus juste, plus équitable », a énuméré le représentant du ministre de la Santé.
Il a également évoqué « le droit à la vie, à une vie positive pour toutes les personnes touchées directement ou indirectement par le VIH ».
Il a par ailleurs souligné que le Sénégal, à l'instar des autres pays, demeure « confronté à des défis significatifs dans la lutte contre le VIH/Sida », parmi lesquels le renforcement de la lutte contre le VIH au niveau communautaire.
Le renforcement de la prise en charge des enfants vivant avec le VIH fait partie de ces défis, de même que l'engagement de la jeunesse, la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. Samba Cor Sarr a également cité la lutte contre les inégalités en matière d'accès aux soins et le renforcement des mécanismes de soutien.
Dans le contexte sénégalais, ajoute-t-il, le thème retenu cette année « prend tout son sens dans la mesure où il permet une réponse plus spécifique et plus adaptée aux besoins des communautés touchées par le VIH/Sida afin de réduire la stigmatisation et la discrimination ».