Dans un mois en principe (29 janvier 2025), la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) devrait acter la sortie des pays membres de la Confédération des Etats du Sahel (AES), de l'organisation ouest-africaine.
En attendant, le Mali, le Niger et le Burkina Faso posent des actes concrets vers l'intégration des peuples. Dans une déclaration sur la libre circulation, le droit de résidence et d'établissement des ressortissants de la CEDEAO dans l'espace de la Confédération, rendue officielle le samedi 14 décembre 2024, le collège des trois chefs d'Etat exempte de visa, l'accès de l'espace à tout ressortissant des Etats membres de la CEDEAO.
De même, ces ressortissants et les véhicules particuliers ou à usage commercial immatriculés sur le territoire d'un Etat membre de la CEDEAO ont le droit d'entrer, de circuler, de résider, de s'établir et de sortir du territoire des Etats membres de la Confédération « dans le respect des textes nationaux en vigueur ».
Même si cette décision semble surprendre plus d'un, le contraire aurait plutôt été antagonique aux idéaux qui sous-tendent la création de la Confédération. En effet, en décidant de quitter « sans délai » la CEDEAO en janvier dernier, les trois chefs d'Etat de l'AES reprochaient entre autres à l'organisation ouest-africaine de s'être éloignée des ambitions de ses pères fondateurs, « désireux de réaliser l'intégration entre les Etats de la sous-région et mus par les idéaux de fraternité, de solidarité, d'entraide, de paix et de développement ».
Sortir de la CEDEAO et conditionner la mobilité des citoyens entre les pays de l'espace et ceux de l'organisation auraient donc été une incongruité au regard du traité portant création de la Confédération adopté à Niamey en juillet dernier et la Charte du Liptako-Gourma de septembre 2023, instituant l'Alliance des Etats du Sahel.
C'est dire que cette décision collégiale du capitaine Ibrahim Traoré, du général Assimi Goïta et du général Abdourahamane Tiani, répond aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, mais aussi de celles de la CEDEAO qui ont toujours vécu dans un esprit de fraternité, de solidarité et d'amitié entretenu par des liens antérieurs à la CEDEAO créée il y a seulement 49 ans.
Qu'ils soient de l'AES ou de la CEDEAO, les Burkinabè, Maliens, Nigériens, Ivoiriens, Togolais ou Béninois, pour ne citer que ceux-là, ont toujours vécu en bonne intelligence, partageant depuis des lustres, les mêmes histoires, traditions, cultures et espaces, commerçant au gré des intérêts et des besoins, vivant sans considération de frontières, d'ethnies et de religions.
En gardant ouvert ses frontières aux peuples frères de la CEDEAO, la Confédération AES finit de convaincre qu'en plus de l'espace de souveraineté véritable, de sécurité et de développement partagé qu'elle construit, elle demeure un instrument d'intégration des peuples, loin de toute ingérence et de toute manipulation.
Le message est clair : le Burkina, le Mali et le Niger tournent dos à la CEDEAO, de façon « irréversible » mais pas ses portes aux voisins. Il reste à espérer qu'il sera compris par les chefs d'Etat de la CEDEAO réunis ce dimanche 15 décembre à Abuja au Nigéria pour le 66e sommet sortie.