Des scientifiques internationaux ont tracé l'arbre généalogique d'une famille de cachalots dans les eaux intertropicales de l'océan Indien, une première mondiale, selon eux. Basés à Maurice, ils ont attribué des noms à ces cétacés, comme Varuna, Ali ou Romeo. Ils ont également produit deux documentaires fascinants sur ces travaux, qui ont duré plus de dix ans.
Depuis plus d'une décennie, des scientifiques étudient patiemment les cachalots au large de Maurice. Ils ont accumulé une mine d'informations, à l'aide d'une méthode d'observation passive, insiste Axel Preud'homme, chargé de collecter des données. « Ce qui est important, c'est la façon dont les cachalots nous ont acceptés. On se met à l'eau, on est chez eux. C'est eux qui vont décider de venir nous voir, ou pas », explique-t-il.
Respecter l'animal et étudier ses comportements sur le long terme ont permis aux chercheurs d'établir l'arbre généalogique d'un clan de cachalots et de présenter deux documentaires : Le Monde des Baleines et Les Pratiques d'allaitement chez les cachalots.
Deux documentaires sous-marins
Le cinéaste sous-marin René Heuzey a contribué à ces recherches. « J'attache beaucoup d'attention dans mes images au regard. Le cachalot sait que je suis à côté et qu'il m'accepte. Pour moi, c'est la plus belle récompense que la nature puisse m'offrir », confie-t-il.
Les scientifiques collaborent avec la Fondation pour la Vie marine de l'Océan Indien. Megan Kwan Tat, l'ambassadrice jeunesse de l'ONG, déplore l'impact du tourisme sur ces cétacés. « On a vu, à plusieurs reprises, des blessures causées par les hélices. Ils lancent les touristes pratiquement sur les cachalots. Ce n'est pas respectueux, pas écologique et pas éthique », dénonce Megan Kwan Tat.
Pour sensibiliser les jeunes, la fondation et les autorités mauriciennes ont lancé un programme éducatif pour 20 000 enfants de 6 à 10 ans sur la préservation de la vie marine.
À l'occasion du documentaire Les Pratiques d'allaitement chez les cachalots, les chercheurs ont suivi une famille de cachalots, qu'ils ont surnommé le clan d'Irène Gueule Tordue, avec laquelle ils ont vécu des moments uniques.
Ce sont les résultats de 10 ans de travail avec le clan d'Irène Gueule Tordue. On a partagé des moments d'intimité formidables, le moment où la mère laisse téter son petit, lui offre son lait et à la fois, on a décrit ça pour la première fois au monde. Personne n'avait jamais vu une mère cachalot allaiter son nouveau-né ! Ça nous a permis de comprendre que la structure du clan était toute tournée vers l'attention aux jeunes et qu'il n'y avait pas que la maman qui laissait téter son petit. La maman était souvent assistée par une nounou allaitante qui, lorsque la maman a moins de lait, lorsque la maman n'est pas là, vient offrir son lait. Et les liens qui vont se tisser entre le petit et la nounou allaitante sont très forts, presque aussi forts que les liens entre le petit et la mère.