Identifier et traiter les problèmes fondamentaux de la violence basée sur le genre (VBG) d'une manière transformatrice pourrait être réalisable en incluant les hommes comme alliés dans cette lutte, en dénonçant la masculinité toxique et en s'engageant dans un dialogue avec les hommes victimes afin de promouvoir une masculinité positive. Dans cette optique, la Students' Union et la faculté des sciences sociales et humaines de l'université de Maurice ont organisé, mardi, un séminaire national sur la VBG, en collaboration avec la Gender Equality Foundation.
L'événement a regroupé des étudiants de différents établissements secondaires et d'études supérieures pour des discussions et des réflexions critiques, entre autres, sur les perspectives juridiques de la VBG, ainsi que sur des points cruciaux tels que l'inclusion des hommes dans la lutte contre la VBG et non leur culpabilisation, tout en dénonçant les hommes coupables de ce type de violence. Arvin Boolell, ministre de l'Agro-industrie, de la sécurité alimentaire, de l'économie bleue et de la pêche, était présent à cette fonction.
Lors de son intervention, le ministre Boolell a reconnu qu'il y avait eu des changements positifs et significatifs au fil des ans. «Il y a beaucoup de vécus non relatés qui doivent être racontés et en même temps, nous devons veiller à ce que la loi soit appliquée.» Il a mis l'accent sur l'introspection et la régulation émotionnelle, ainsi que sur la compréhension des facteurs qui peuvent conduire à la perpétration ou à la normalisation de la violence, notamment l'environnement familial et l'éducation. «L'individu venant d'une famille brisée, quelles sont les épreuves qu'il a traversées, a-t-il été victime de violence basée sur le sexe ou autre? Ces éléments restent pertinents dans l'introspection et pour tracer la voie à suivre afin de comprendre ce qui peut être fait, ce que les jeunes peuvent faire pour exercer une influence positive.»
De son côté, Anishta Babooram, junior minister de l'Égalité des genres, a souligné que la lutte contre la VBG n'exclut pas les hommes et n'implique pas de les détester, mais qu'il s'agit plutôt d'une collaboration qui vise à humaniser les femmes et à faire que les hommes les considèrent comme ayant les mêmes droits qu'eux. «Nous ne devrions pas considérer les hommes comme nos ennemis ou nos adversaires. Nous devrions marcher main dans la main avec eux. Mais les hommes ne devraient pas non plus traiter les femmes comme des adversaires ou des ennemies. Nous ne sommes pas des êtres humains de seconde classe mais nous avons des droits, tout comme les hommes et ceux-ci doivent être respectés. Nous n'avons pas été créées inférieures mais égales à eux.»
Elle a également abordé les préjugés auxquels les femmes sont confrontées lors de leurs interactions avec les hommes lorsqu'elles portent des vêtements de leur choix, ainsi que des problèmes qu'elles peuvent rencontrer au quotidien, tels que des attouchements inappropriés et le harcèlement dans les transports publics, qui les affectent grandement.
Anishta Babooram a également fait part de sa propre expérience passée où elle a dû se défendre après avoir été harcelée dans un autobus en rentrant du travail, mettant ainsi en évidence les complexités liées à la peur, au traumatisme et à la volonté des victimes de se défendre contre leurs harceleurs. «Je ne suis pas la première et je ne suis pas la seule», a-t-elle dit, notant que la VBG ne se limite pas à la violence domestique mais qu'elle s'étend hors de la sphère privée. «C'est aussi un supérieur au travail qui appelle une employée pour lui dire que si elle veut obtenir une promotion, elle doit accepter certaines choses, (...) Notre liberté s'arrête là où commence le droit des autres. Il faut apprendre à se respecter les uns les autres.»