L'agression sexuelle et le meurtre de Kathalea Gaspard, 7 ans, ayant marqué les esprits, il est grand temps de s'attaquer à la violence basée sur le genre par des approches réelles, efficaces et globales. Dans cette optique, une marche contre la violence a été organisée hier à Mahébourg par l'ONG Gender Links, dirigée par Anushka Virahsawmy. La marche a regroupé des enfants, des personnes âgées ainsi que des personnalités politiques et de la société civile.
Anishta Babooram, junior minister de l'Égalité des genres, a souligné qu'avec l'augmentation des cas de violence en 2024, la situation est grave et ne peut être cautionnée. «La violence fondée sur le genre (VBG) dépasse les femmes et affecte les hommes, les enfants, la famille et la société dans son ensemble.» Elle partage l'avis de Babita Thannoo, députée de la circonscription no 8 (Quartier-Militaire-Moka), venue apporter son soutien à cette initiative, soulignant les efforts des ONG et la nécessité d'inclure leurs voix dans l'élaboration des politiques de manière participative.
«Nous avons récemment organisé une assise où la société civile et les ONG ont fait des propositions et partagé leurs points de vue sur ces problèmes. Nous décidons de la marche à suivre pour les cinq prochaines années sur la base de leur contribution pour aborder les problèmes de manière concrète. Nous ne pouvons pas adopter une top-down approach où les élus observent les problèmes à la surface.» Karen Foo Kune-Bacha, junior minister des Sports et de la Jeunesse, Joanna Bérenger, junior minister de l'Environnement, et Dez Penasino, Deputy Chief of Mission de l'ambassade des États-Unis à Maurice, étaient également présentes.
Changement de paradigme nécessaire
Il est impératif d'aborder la problématique de la VBG en examinant les structures sociales et en considérant le féminisme comme un mouvement qui exige la participation de tous, incluant les hommes, vers l'humanisation et le respect des droits humains pour tous, note Stefan Gua de Rezistans ek Alternativ. «Nous devons également nous pencher sur la psychologie des agresseurs et comprendre les causes profondes de ce type de violence. Le fait que nous devons organiser une marche en 2024 pour protester contre cette violence est en soi le reflet d'un problème profond qui doit être abordé en englobant tout le monde.»
Sheila Bunwaree, activiste sociale spécialisée dans les études sur le genre et le développement, prône des efforts continus et une éducation qui s'étend aux différentes sphères de la société et de la famille, car le tout fonctionne dans une relation de pouvoir inégale entre les hommes et les femmes au sein d'un système patriarcal. «Nous avons besoin d'une véritable pédagogie et plus d'études pour aborder des concepts tels que la victimisation secondaire et les mythes sexistes qui peuvent perdurer parmi des autorités qui prennent en charge des victimes : quel profil de personnes s'occupe de ces cas et les laisse se produire, s'agit-il d'un manque de connaissances, d'une attitude de laisser-aller ou de la normalisation d'une culture de violence lorsque des incidents sont traités comme de simples «faits divers» ?»
Pour Hana Telvave, militante des droits humains et membre du board de Gender Links, tout est question d'efforts continus vers l'humanité, l'acceptation et le respect. Si en 2023, la Cour suprême a dépénalisé la sodomie, marquant une étape cruciale vers la reconnaissance et le respect de l'existence, l'humanité et la dignité de personnes LGBTI+, «il reste beaucoup à faire. En un an, j'ai pu contribuer à changer les perceptions sur les personnes transgenres de 12 % grâce à un activisme direct. 58 % des Mauriciens sont en faveur de l'accès à l'égalité des droits et au respect des personnes transgenres. Néanmoins, des cas de harcèlement continuent de se produire contre la communauté et nous devons consolider les safety nets.»