Alors que les vastes étendues agricoles à la sortie ouest de Goma, aux pieds du volcan Nyiragongo, ont disparu, des centaines de milliers d'habitants de la province du Nord-Kivu y ont élu domicile. Mais ces réfugiés fuyant les combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 ont du mal à trouver à manger, malgré le travail des ONG, dans ces véritables petites villes en place depuis les premiers affrontements, fin 2021.
Le centre de santé de Rusayo 1 est bondé en cette matinée de décembre. Nahissi vient pour faire vacciner son bébé, elle habite ce camp de déplacés depuis février 2023.
« Pour vivre, nous allons travailler dans les champs pour d'autres personnes. Tu vois comment nos mains sont devenus abimées ? En échange, on nous donne 3 000 francs ou 5 000 francs par jour. Et c'est dur de trouver à manger avec cela. Alors parfois, nous partons chercher du bois dans la forêt que nous vendons ici pour pouvoir acheter de la nourriture. Parfois aussi, les gens pour qui nous travaillons nous donnent des patates douces à manger. »
Plusieurs ONG, dont Alima à Rusayo, appuient et apportent une assistance gratuite aux déplacés, une aide très souvent insuffisante. Alors pour vivoter, certains vendent des unités de téléphone sur le bord de la route, d'autres passent le temps en regardant des films indiens traduits en Swahili, la langue locale.
Norbert est arrivé il y a neuf mois, en provenance de Rutshuru : « Je faisais la cordonnerie et je cultivais des tomates, des haricots et même du maïs. Cela m'aidait beaucoup, donc je n'ai pas manqué d'avoir à manger là où j'étais, à la maison. Si la guerre se finit demain, là-bas, je ne peux pas souhaiter de rester ici. »
Car dans les camps, impossible de cultiver faute d'espace disponible. Difficile de savoir avec précision combien sont les déplacés aux portes de Goma : probablement encore des centaines de milliers. Et même si la guerre n'est pas terminée, certains ont bravé les affrontements et ont fait le choix de rentrer chez eux.