Le conflit autour de l'accès à la mer de près d'un an entre l'Ethiopie et la Somalie a été résolu avant mi-décembre 2024, sous la médiation du Président turc, Recep Tayyip Erdogan. Un modus vivendi a été trouvé entre les deux parties ; lequel permet à l'Ethiopie d'accéder aux eaux internationales via la Somalie, sans porter atteinte à son intégrité territoriale. Après deux tentatives infructueuses, le Président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, ont consenti des efforts pour mettre fin aux tensions entre leurs Etats. Même si elles ont pu être circonscrites grâce aux bons offices du Président Erdogan, cette situation aurait pu être évitée si les intérêts économiques n'étaient pas trop pesants.
Après avoir perdu l'accession à la mer dans les années 90 à la suite de la sécession de l'Erythrée, le pays de l'empereur Haïlé Sélassié 1er, dont le commerce extérieur dépend à 90% des ports des pays voisins, fait des mains et des pieds pour retrouver ce privilège. Ce combat vital a malheureusement amené l'Ethiopie à sceller en début d'année, un partenariat à problème avec le Somaliland pour l'utilisation du port polyvalent de Bereba, pour un bail de 50 ans.
De quoi permettre aux Ethiopiens d'accéder à la mer, ce dont ils ont absolument besoin pour satisfaire leurs intérêts économiques. Aussi l'Ethiopie est-il également en droit, en vertu de cet accord, d'installer une base militaire au Somaliland. En contrepartie, l'Ethiopie s'était engagé à donner une participation à Ethiopian Airlines au Somaliland et à être le premier à reconnaitre cet ancien territoire britannique autoproclamé indépendant par rapport à la Somalie en 1991, au grand dam de la communauté internationale. Cet accord a bien évidemment irrité les autorités somaliennes qui y ont vu une ingérence dans les affaires intérieures de leur pays, surtout qu'elles n'ont jamais digéré l'auto proclamation de l'indépendance du Somaliland. Il n'en fallait pas plus pour provoquer des étincelles et pourrir les relations entre l'Ethiopie et la Somalie.
Les deux pays dont les relations sont mi-figue mi-raisin, partagent un lourd passé alimenté par la guerre de l'Ogaden qui les avait opposés entre juillet 1977 et mars 1978 à cause des visées expansionnistes d'alors de la Somalie. Si l'armée somalienne avait pris le dessus au départ, c'est l'Ethiopie qui était sortie vainqueur de cette guerre. Au-delà des menaces verbales de part et d'autre, l'histoire ne s'est pas répétée, même si le contexte est diffèrent et il faut s'en réjouir. Il n'y a pas d'actes regrettables.
La menace d'exiger le départ des troupes éthiopiennes stationnées dans leur pays dans le cadre de la lutte contre les islamistes Shebab, brandie par les autorités somaliennes, n'a pas été mise à exécution. Si cette décision avait été prise, cela allait favoriser une avancée des islamistes, ce qui est à redouter dans une corne de l'Afrique déjà en peine. La région est minée par l'insécurité alimentaire et des conflits violents, comme en atteste la guerre pour le contrôle du pouvoir des deux généraux au Soudan. La médiation réussie du président turc entre l'Ethiopie et la Somalie permet de ne pas en rajouter à une situation sécuritaire et humanitaire déjà critique. Il reste à espérer que cet accord tienne longtemps pour le bonheur des populations des pays de la corne de l'Afrique qui ne savent plus à quel saint se vouer, en ces moments d'incertitude.