Si les membres de la société civile qui luttent pour l'égalité homme-femme attendent de pouvoir lire précisément le texte du projet de loi sur la réforme du Code de la famille marocain avant de se prononcer formellement, les premières annonces du ministre de la Justice en date du 24 décembre ont déjà créé un sentiment déception.
Les propositions sur la réforme du Code marocain de la famille sont jugées imprécises et loin de répondre aux revendications des mouvements féministes.
Première déception pour les mouvements féministes : le refus des tests ADN comme preuves de la paternité biologique pour les enfants nés hors mariage. Une revendication de longue date afin d'engager la responsabilité des pères.
Autre point d'interrogation, le maintien des dérogations accordées par des juges à l'interdiction du mariage des mineurs. Ghizlane Mamouni est avocate, et la présidente de l'association Kif Mama Kif Baba : « Les propositions réaffirment que l'âge légal de mariage est fixé à 18 ans, mais elles continuent de prévoir des exceptions, avec quand même un plancher de 17 ans. Pourquoi 17 ans ? On ne sait pas très bien, il faudrait vraiment poursuivre l'effort et établir une interdiction formelle, sans aucune exception, du mariage avant l'âge légal de 18 ans. »
Une autre disposition controversée est celle sur la polygamie, toujours permise en cas d'infertilité de l'épouse ou de maladie l'empêchant d'avoir des rapports sexuels. Selon Ghizlane Mamouni, le secret médical de l'épouse pourrait ainsi être violé en cas de litige : « Sachant que la stérilité est difficile à lier à la femme ou à l'homme, et qu'elle peut être liée à l'un ou à l'autre ou à la combinaison des deux, cette disposition est particulièrement surprenante et je trouve, personnellement, inhumaine. »
Les annonces sur la tutelle juridique des enfants de parents divorcés sont jugées également trop imprécises à ce stade. Seule avancée notoire et saluée comme telle : le fait que la mère ne perde pas la garde de ses enfants en cas de remariage.