Madagascar: Atsimo Andrefana - Les pluies torrentielles compliquent la vie des ménages

Il a plu pendant dix jours dans la région Atsimo Andrefana. De nombreux ménages et de nombreuses localités vivent difficilement leur vie quotidienne.

Ange, une mère de famille habitant le quartier d'Antaravay, commune urbaine de Toliara, vit dans une case en planches avec ses deux enfants. L'eau arrive jusqu'à ses genoux et envahit même l'intérieur de sa pièce, frôlant son matelas posé sur un vieux lit en bois ordinaire.

« C'est ce que je vis à chaque période de pluies. Mais je ne peux faire autrement », explique-t-elle. La mère de famille rencontre de grandes difficultés pour aller chercher de l'eau, cuisiner, et les toilettes sont submergées par l'eau. C'est le même scénario pour des ménages dans de nombreux fokontany de Toliara tels qu'Ambohitsabo, Antsirasira, Mahavatse, Tsimenatse, Bekomondro, Antaninarenina, Andaboly.

La pluie s'est abattue sans cesse, jour et nuit, sur la région Atsimo Andrefana depuis dix jours. Elle s'est faite abondante depuis le passage du mauvais temps dans le canal de Mozambique le 20 janvier, et qui s'est transformé en cyclone « Elvis » dans la nuit de mardi à mercredi dernier. La trajectoire du cyclone, comme prédit par le service météorologique, a apporté des pluies depuis Morombe, Beroroha, passant par Toliara I et II, Betioky et Ampanihy et jusqu'à Tsihombe et Ambovombe dans la région Androy.

« 953,6 mm de pluies du 24 au 26 janvier, avec un pic de 533,4 mm en 24 heures le 25 janvier à Morombe. Un record jamais enregistré en 40 ans », a annoncé le service météorologique.

Morombe, point d'entrée des cyclones dans la région Atsimo Andrefana, fait face à la montée des eaux de mer. Bien qu'aucun chiffre officiel récent n'ait été communiqué concernant les sinistrés ou l'ampleur des dégâts matériels, les habitants rapportent des inondations dans plusieurs quartiers et qu'il faut des pirogues pour circuler en ville. Les fokontany d'Androva et Tsinjorano sont parmi les plus vulnérables. Les préjudices laissés par le précédent cyclone Dikeledi, dont l'oeil n'a pas touché les côtes du Sud-ouest, ne sont pas encore réparés que la ville refait déjà face aux inondations avec les fortes précipitations.

La solution en pareil cas est de tirer les eaux par des motopompes, mais il n'y a pas encore d'organisation allant dans ce sens. À Toliara, ce genre de matériel est très demandé. Des commerçants à Toliara Centre ont vu leur boutique et restaurant submergés d'eau jusqu'aux genoux. Ils accusent la non-existence de canaux d'évacuation des eaux vers la mer depuis la réhabilitation de la route principale de la Chambre de Commerce menant aux bureaux des Travaux publics.

L'éternel problème d'évacuation devant le commissariat central « Badamera » subsiste, avec les eaux jusqu'aux hanches, rendant la circulation très difficile. Il a pourtant été rapporté que les canaux existent et les eaux devraient ressortir vers la mer avec un système de clapet, empêchant l'eau de mer de rentrer. À Androka, dans le district d'Ampanihy, le maire Anselme Dinackey Masambotse informe qu'hier, trois pêcheurs sont portés disparus. Par ailleurs, un camion de la société Copefrito est resté coincé depuis dix jours aux abords du fleuve Linta et aucune solution n'a encore été trouvée jusqu'à hier pour le tirer des sables.

Urgences

Le 26 janvier dernier, le Comité préfectoral de gestion des risques et des catastrophes (CPGRC) a fait état de 4356 sinistrés pour les districts de Morombe, Betioky et Ampanihy en raison des crues. « Betioky enregistre 2291 sinistrés parmi ces chiffres, dont la plupart ont des maisons endommagées. Des kits d'urgence et ustensiles de cuisine ont été distribués aux sinistrés, qui ont rejoint des sites d'hébergement », rapporte le CPGRC.

Hier, à 9 h, le chiffre officiel émanant du CPGRC fait état de 1002 sinistrés pour Toliara Ville. Ils sont répartis sur quatre sites d'hébergement : au lycée Antaninarenina, l'EPP Ambohitsabo, Andaboly et le gymnase couvert de Tsienengea. Aucun autre chiffre n'est disponible sur le nombre des sinistrés accumulés depuis ces dix derniers jours pour les autres districts. Faute de chiffres, l'aide d'urgence est compliquée pour les partenaires techniques et financiers dont dépendent les autorités régionales.

Aucun représentant de la Commune urbaine de Toliara n'a été présent afin de pouvoir organiser l'utilisation des motopompes nécessitant journalièrement près de deux millions d'ariary de carburant et de location. La Commune urbaine a été toutefois pointée du doigt en raison de la prolifération des commerces sur les trottoirs et des habitations sur les canaux d'évacuation, rendant la ville vulnérable aux inondations.

« Les élèves sont contraints de marcher sur les chaussées inondées car les trottoirs sont occupés », rapporte un représentant d'association présent à la réunion d'hier. Des représentants des directions régionales, essentielles au fonctionnement de l'approche d'urgence, ne sont pas présents aux réunions du CPGRC. Il a été émis par quelques habitants, par ailleurs, que ce ne sont plus tellement les seaux et cuvettes ou kits d'urgence dont ont besoin les sinistrés, mais « c'est l'organisation totale de la ville de Toliara et des autres grandes villes de la région Atsimo Andrefana, en amont, qui est urgent », proposent-ils.

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