LES POINTS MARQUANTS
- Mariée à 15 ans et envoyée dans un autre pays, Kadiatou Barry a quitté son mari après quelques années pour reprendre ses études et préparer son avenir.
- Avec le Projet d'autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD), Kadiatou et 105 703 autres filles en Guinée ont poursuivi leurs études, bénéficiant de bourses alimentaires, kits scolaires et cours de soutien.
- Le SWEDD a contribué à une réduction significative du nombre d'abandons scolaires parmi les filles en Guinée, atteignant un taux de rétention de 99,66% en 2024, dépassant la prévision de 80%.
Le soleil se lève lentement sur Dogomet, une localité située à 473 km de Conakry, et les rires des enfants résonnent dans les rues poussiéreuses, tandis que les femmes s'activent aux tâches domestiques quotidiennes. Cependant, derrière cette apparente tranquillité, se cache une réalité plus sombre : pour de nombreuses filles, l'éducation demeure un rêve fragile, souvent brisé par les pressions sociales et les difficultés économiques.
Kadiatou Barry, une jeune élève du collège de Dogomet, a été mariée de force à seulement 15 ans, puis envoyée au Nigéria, arrachée de son école et de son environnement « On m'a imposé ce mariage à cause des problèmes financiers, et je n'avais pas le choix. J'ai été envoyée très loin de ma famille, de mon pays, », raconte-t-elle, la voix remplie d'émotion.
Les contraintes financières et les traditions l'ont ainsi éloigné de l'école. « Nous pensions que c'était la meilleure solution pour elle, car nous n'avions pas les moyens pour financer ses études, » confie avec regret sa mère, Fatoumata Sow.
Après des mois dans ce mariage forcé, Kadiatou prend une décision courageuse : « J'ai voulu poursuivre mes études, mais mon mari s'y est opposé. J'ai donc fini par fuir pour retourner clandestinement en Guinée, me cachant chez une tante pour échapper aux pressions familiales. »
Son destin bascule, lorsqu'elle a est repérée par une organisation non gouvernementale locale, partenaire de mise en oeuvre du Projet SWEDD, financé par la Banque mondiale. Fini les soucis financiers : elle obtient un kit scolaire, des kits hygiéniques, une bourse alimentaire, et un accompagnement psychologique : « Reprendre l'école après tout ce que j'ai vécu n'a pas été facile, mais je suis heureuse de pouvoir apprendre à nouveau et rêver d'un avenir meilleur », dit-elle, le regard plein d'espoir.
Sa mère la regarde avec fierté et espoir. « Je regrette d'avoir cru que le mariage était sa seule option. Aujourd'hui, ma fille a une vraie chance pour un avenir meilleur. » Kadiatou a 18 ans aujourd'hui, et elle sait que l'éducation est la clé pour transformer sa vie. Elle nourrit désormais le rêve de devenir médecin pour aider les femmes de sa communauté.
Un impact tangible sur l'éducation des filles
Tout comme Kadiatou, des milliers d'autres jeunes filles en Guinée ont vu leur vie se transformer grâce au SWEDD qui a dépassé les attentes dans le maintien des filles à l'école. Plus spécifiquement :
- 105 703 filles ont bénéficié d'au moins une intervention - bourse de performance, bourse alimentaire, kits scolaires, kits hygiénique, vélos--pour les maintenir à l'école et assurer leur réussite ; elles ont été aussi outillées sur des compétences de vie pour renforcer leur confiance en elles-mêmes et mieux se valoriser ;
- 99,66 % des filles inscrites dans les régions couvertes par le projet en 2023, ont poursuivi leur scolarité en 2024 ; et
- 1 090 leaders communautaires et religieux ont été formés pour sensibiliser les familles aux enjeux de la scolarisation des filles.
« Dans notre établissement, le SWEDD a redonné à de nombreuses filles le goût à l'éducation. Plusieurs sont revenues sur les bancs de l'école après deux ou trois ans d'abandon, » se réjouit Mamadi Traoré, principal du collège de Dogomet.
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Le SWEDD : un impact à grande échelle au Sahel et en Afrique de l'Ouest
Kadiatou Barry fait partie de milliers d'adolescentes et de femmes dont la vie a été transformée, à bien des égards, par le SWEDD, un projet transformateur qui a eu un impact à grande échelle dans les pays participants : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad.
Financé à hauteur de 680 millions de dollars par l'Association internationale de développement, IDA - membre du Groupe de la Banque mondiale-- et mis en oeuvre de 2015 à 2024, le SWEDD a tiré parti de partenariats solides avec des acteurs nationaux et régionaux pour, entre autres, renforcer le maintien des filles à l'écoles, améliorer leurs aptitudes à la vie quotidienne, élargir les opportunités économiques en outillant les femmes pour exercer des métiers plus rémunérateurs, et créer un environnement favorable dans lequel les adolescents et les femmes peuvent être socialement et économiquement autonomes et à l'abri de la violence fondée sur le genre.
Quelques résultats concrets du SWEDD au niveau régional
Par ailleurs, le SWEDD a contribué :
- à l'élimination des goulets d'étranglement systémiques dans la prestation des services de santé ;
- au renforcement des capacités des pays et institutions régionales pour intégrer le genre dans la planification et la budgétisation, en tant que levier de croissance ;
- à la mise en place d'un réseau régional de parlementaires, de juges et d'avocats pour renforcer les législations en faveur des femmes ;
- à l'appui à la CEDEAO pour l'élaboration d'une directive régionale visant à harmoniser la législation dans ses États membres.
Accélérer l'autonomisation des femmes pour transformer l'Afrique - Un nouveau chapitre pour des millions de filles
En offrant des opportunités concrètes pour les filles et les femmes, le SWEDD contribue à briser le cycle de la pauvreté et des inégalités. Aujourd'hui encore, et malgré les efforts, 45% des adolescentes en Afrique de l'Ouest et du centre -- soit 16 millions de filles -- sont déscolarisées, certaines d'entre elles subissant encore des mariages précoces. Une telle situation représente un manque à gagner important pour les familles et pour le potentiel économique des pays, car chaque année de scolarité supplémentaire pour une fille augmente ses revenus futurs de 14%.
Le projet SWEDD+, lancé en septembre 2023 avec un financement de 365 millions de dollars, a été étendu au Burkina Faso, à la Gambie, au Sénégal, au Tchad, et au Togo, pour bénéficier directement à plus de 2 millions de jeunes filles ainsi qu'à leurs communautés. En collaboration avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), le projet poursuit le développement des compétences, le partage des connaissances, et l'engagement au niveau régional, tout en favorisant des politiques harmonisées pour consolider l'autonomisation des femmes dans l'ensemble des pays concernés.