Alors que les écoles ont rouvert le 16 septembre dernier au Burundi, une agence des Nations Unies s'est inquiétée vendredi de l'augmentation du nombre de cas de mpox (variole simienne) chez les enfants de moins de 5 ans, qui représentent 30 % des cas signalés dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), les enfants burundais sont les plus touchés par l'épidémie de mpox, avec des « taux d'infection alarmants » et de graves conséquences pour la santé.
Sur les quelque 600 cas signalés, les deux tiers concernent des enfants de moins de 19 ans.
Depuis le premier cas confirmé le 25 juillet 2024, le Burundi a signalé 600 cas de variole, dont les deux tiers concernent des enfants de moins de 19 ans. Selon l'UNICEF, la situation s'est rapidement aggravée, avec une augmentation de plus de 40 % des cas au cours des trois dernières semaines.
Evolution de la maladie en pleine rentrée scolaire
Au total, l'agence onusienne fait état de plus de 1.576 cas suspects. Dans le même temps, elle a répertorié 1.774 alertes dans 34 des 49 districts sanitaires du pays, les trois districts sanitaires de Bujumbura étant l'épicentre de la flambée.
La situation « évolue rapidement », avec une nouvelle souche infectieuse. « Nous en apprenons chaque jour davantage sur les différents modes de transmission. En fonction de ces informations, nous actualisons nos messages et notre réponse », a déclaré depuis Bujumbura, le Dr Paul Ngwakum, Conseiller pour la santé au Bureau régional de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe.
L'urgence pour les humanitaires et les autorités sanitaires burundaises est de faire en sorte que tous les enfants puissent retourner à l'école en toute sécurité et de réduire au minimum les perturbations de l'enseignement. « Mais ne vous y trompez pas, nous n'avons pas toutes les réponses. Personne n'en a », a averti le Dr Ngwakum.
Aucun décès signalé au Burundi
Pourtant derrière cette « sombre situation », l'UNICEF se réjouit du fait qu'aucun décès n'est encore signalé, mais aussi d'une « zone géographique encore limitée ». Grâce à un effort concerté de tous les partenaires, il est encore possible de « limiter la propagation, contenir le virus et potentiellement mettre fin à l'épidémie sans qu'aucune vie ne soit perdue ».
« D'après ce que j'ai vu cette semaine, je dois dire que nous avons une chance ici au Burundi : nous n'avons eu aucun décès dû à la variole, et nous avons la possibilité de mettre fin à cette épidémie dans un court laps de temps », a fait valoir le Dr Ngwakum.
Sur le terrain, l'UNICEF soutient le ministère de l'Éducation pour mettre en oeuvre des mesures sanitaires dans les écoles, former le personnel à reconnaître les premiers symptômes de la variole et renforcer l'hygiène des mains.
« Au cours de ma visite au Burundi, j'ai discuté avec des familles, des enseignants et des agents de santé. Les craintes exprimées par les parents et la résilience des communautés face à cette crise de santé publique sont frappantes. Elles ont mis en évidence le besoin crucial de notre soutien pour assurer la sécurité des enfants et leur permettre d'apprendre », a dit le haut responsable de l'UNICEF.
La RDC représente 90 % des cas confirmés en Afrique
En collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), l'UNICEF dirige l'intervention dans des domaines clés, notamment la communication sur les risques ainsi que la prévention des infections.
Plus largement, les agences humanitaires rappellent l'urgence d'agir maintenant et de financer ces opérations pour mettre fin à cette épidémie dangereuse et menaçante dans un délai relativement court. L'UNICEF a ainsi lancé un appel urgent de près de 59 millions de dollars pour intensifier sa réponse dans six pays africains, dont le Burundi, où les enfants sont les plus touchés.
Outre le Burundi, les deux autres pays ayant déclaré le plus grand nombre de cas suspects de variole simienne en 2024 sont la République démocratique du Congo (21 835 cas suspects, 717 décès) et le Nigéria (935 cas suspects, aucun décès).
Depuis le début de l'année 2024, le nombre de cas confirmés de variole en Afrique est en constante augmentation, principalement en raison des flambées en RDC, qui représentent environ 90 % (5160 cas sur 5759) des cas confirmés sur le continent.
Au total, l'Agence sanitaire mondiale de l'ONU (OMS) recense 25.093 cas suspects de variole simienne du 1er janvier au 8 septembre 2024 dont 723 décès parmi les cas suspects sur le continent africain. Ces données comprennent à la fois des cas testés et non testés.