À Asmara, en Érythrée, s'est tenue une réunion inédite et un accord lourd de sens dans cette région de la Corne de l'Afrique a eu lieu. Les présidents érythréen, somalien et égyptien sont convenus, jeudi 10 octobre, de collaborer à la sécurité régionale, lors d'un sommet tripartite.
Il s'agit d'une alliance régionale qui exacerbe les tensions sous-régionales où la Somalie voit d'un mauvais oeil l'alliance conclue, le 1er janvier dernier, entre le Somaliland et le voisin éthiopien. Mogadiscio considère que l'accord permettant à l'Éthiopie d'avoir accès à la mer grâce au Somaliland équivaut à une « agression » contre sa souveraineté. Autant dire que cette alliance tripartite, face à l'Éthiopie, ne va pas dans le sens de l'apaisement pour la région.
Joint par RFI, René Lefort, chercheur et spécialiste de la Corne de l'Afrique, estime que cette alliance augure des relations tendues entre les quatre pays.
« Du côté de la Somalie, cet accord pourrait se traduire par le fait que les shebabs - c'est-à-dire la guérilla islamiste - profite du sentiment national "Somalie contre l'Éthiopie" pour recruter et armer. Elle pourrait ainsi intervenir dans la région Somali de l'Éthiopie. Ou bien, autre possibilité, elle pourrait pousser les irrédentistes de la région Somali de l'Éthiopie car, en effet, ils ont toujours plus ou moins espéré lorgner vers une réunification avec la Somalie.
Ensuite, en ce qui concerne maintenant l'Égypte, elle n'a pas de moyens directs pour affronter l'Éthiopie, mais elle supporte la Somalie - un accord militaire a été conclu, des armes ont été envoyées - et donc l'Égypte viendrait en renfort de la Somalie. Mais en plus de cela, il n'est pas exclu, au moins pour le moment, que, dans sa folie habituelle, Issayas Afewerki, le dirigeant de l'Érythrée, décide de pousser ses pions militaires (je dirais) en Éthiopie. »