Afrique de l'Est: Conflit à l'est de la RDC - En quoi consiste le document adopté par Kinshasa et Kigali?

La RDC et le Rwanda ont adopté la semaine dernière un document important pour la poursuite du processus de paix dans l'est de la RDC. Depuis trois ans, on assiste dans cette région à une résurgence du M23, une rébellion soutenue par le Rwanda voisin, qui s'est emparée de pans entiers du territoire aux dépens des Forces armées congolaises (FARDC) et de milices qui les soutiennent. L'Angola a été désigné médiateur par l'Union africaine. Et c'est dans le cadre du processus de Luanda que ce document a été adopté.

En début de semaine dernière, les chefs de la diplomatie de la RDC, du Rwanda et de l'Angola étaient à Luanda pour un nouveau round de discussions au cours duquel ils ont adopté un document. Ce document est ce que l'on appelle un « Concept des opérations » (Conops) du plan harmonisé. C'est un texte qui se penche sur l'opérationnel et qui prévoir les différentes étapes d'une opération souvent militaire.

Dans le cas de la RDC et du Rwanda, c'est un document mis au point par des experts militaires et du renseignement. « C'est un document opérationnel important, insiste l'un des participants à ces discussions, qui va véritablement lancer les opérations sur le terrain ».

Un plan en quatre phases

Ce plan est censé se dérouler en quatre phrases et doit s'étaler sur environ trois mois. Première phase : quinze jours pour analyser le niveau de menace posé par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe composé à l'origine de génocidaires hutus rwandais. L'objectif est de localiser leurs positions et de faire le point sur leurs équipements. En parallèle, le Rwanda doit fournir des informations sur ce qui est qualifié de « mesures défensives » et s'engage à mettre fin à ses incursions transfrontalières.

Deuxième phase, ce sont les actions ciblées pour neutraliser les FDLR et leurs alliés, suivies d'une évaluation conjointe des progrès réalisés. Troisième étape : un bilan des opérations afin de mesurer l'efficacité. Enfin, on passera à la quatrième phase, celle de la stabilisation avec la démobilisation des anciens membres FDLR et la normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali. Et tout au long de ce processus, un mécanisme de vérification doit être mis en place par la médiation angolaise.

Négociations autour d'un accord de paix

Mais ce Conops n'empêche pas la suite des discussions entre les deux pays, parce qu'il ne s'agit là finalement que d'un document opérationnel. Selon plusieurs sources, dès le lendemain de la signature, les ministres des Affaires étrangères ont rejoint leurs capitales respectives, puis sont retrouvés en visioconférence pour poursuivre leur négociation. Il ne s'agit plus de négocier un texte opérationnel, mais d'un accord de paix. Ce document a été proposé au mois d'août par le président angolais, João Lourenço à ses homologues congolais et rwandais.

À l'époque, chacun avait fait part de ses remarques et c'est de nouveau sur ce document que travaillent les chefs de la diplomatie. Un texte qui doit aborder, contrairement au Conops, la question centrale de ce conflit, celle du M23. Pour rappel, le processus de Luanda avait déjà établi une feuille de route dans les premiers mois du conflit qui prévoyait un cessez-le-feu, le pré-cantonement des rebelles dans le Rutshuru et leur cantonnement à Kindu dans le Maniema. Le tout sous la supervision des militaires angolais. Il faudra voir si ces étapes refont surface dans le plan de paix sur lequel travaillent donc les chefs de la diplomatie des trois pays.

D'ailleurs, le M23 s'est déclaré non tenu par le Conops signé à Luanda. Le groupe armé continue de réclamer des négociations directes avec Kinshasa.

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