Le comité des décès maternels et périnatals du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo a restitué les résultats de l'audit des décès maternels et périnatals, le mercredi 4 décembre 2024, à Ouagadougou.
La session de restitution de l'audit des décès maternels et périnatals a eu lieu, le mercredi 4 décembre 2024, au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo à Ouagadougou. Selon le directeur général du CHU de Bogodogo, Seydou Nombré, cette session s'inscrit dans le cadre de l'application de l'arrêté n°2024-249/MSHP/CAB du 5 juin 2024, qui régit la création, la composition, les attributions et le fonctionnement des comités de décès maternels et périnatals.
Ce texte instaure un nouveau format pour la réalisation des audits de décès. M. Nombré a expliqué que l'audit de décès est une méthode de recherche approfondie et qualitative visant à analyser les causes et les circonstances des décès survenus dans les établissements de santé. Cet exercice permet une auto-évaluation des pratiques dans le but d'améliorer la qualité des soins, un devoir éthique de chaque équipe médicale. Il a précisé que l'objectif principal de cet audit est de renforcer la prise en charge des femmes enceintes, des accouchées et des nouveau-nés à travers la mise en oeuvre de recommandations pertinentes.
Pour le chef du service de gynécologie du CHU de Bogodogo, Pr Charlemagne Ouédraogo, l'institutionnalisation des audits des décès maternels et périnatals par le ministère de la Santé est une avancée majeure. Il a souligné que ces audits doivent être réalisés dans tous les hôpitaux où des décès maternels surviennent, y compris au CHU de Bogodogo. M. Ouédraogo a rappelé que le Burkina Faso s'est engagé à réduire le taux de mortalité maternelle à moins de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes d'ici 2030. Il a également mis en exergue les progrès réalisés, avec une diminution des décès maternels de 613 à 198 pour 100 000 naissances vivantes selon l'enquête démographique et de santé de 2021.
6 000 césariennes par an
Cependant, il a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts pour garantir qu'aucune femme ne perde la vie en donnant naissance. L'audit vise à identifier les défaillances dans la chaîne de soins et à formuler des recommandations pour améliorer les pratiques.
Lors de cette session, il a affirmé que deux cas de décès maternels et deux cas de décès d'enfants ont été analysés par les membres du comité. Ces analyses ont permis d'examiner les pratiques médicales, d'identifier les insuffisances et de proposer des mesures pour éviter que des situations similaires ne se reproduisent.
Le CHU de Bogodogo qui réalise environ 13 000 accouchements par an, dont 6 000 césariennes, s'est engagé à poursuivre ces audits régulièrement. Ces efforts s'inscrivent dans la politique de gratuité des soins mise en oeuvre depuis 2016 au Burkina Faso. Le Pr Ouédraogo a mentionné que lorsqu'on parle de décès maternels, il y a des décès maternels évitables, et ceux non évitables. A son avis, les décès maternels évitables sont ceux dus à des causes directes de mortalité maternelle. Selon lui, ces cas sont analysés pour voir ce qu'on aurait dû faire pour éviter ces décès.
« Il y a aussi des décès maternels inévitables, les cas où le décès est constaté une minute ou deux minutes après l'admission de la femme au CHU. Cela ne permet pas à l'équipe soignante de la sauver. Nous enregistrons juste le cas de décès qui vient de nous parvenir », a-t-il confié. Et d'ajouter que lorsque ces dossiers sont analysés, l'on fait ressortir toutes les imperfections qui se sont produites depuis le domicile de la patiente en passant par les différents centres de santé, avant son admission.