Devant la chambre des représentants, jeudi 30 janvier, le Premier ministre belge Alexander De Croo a demandé formellement au Rwanda de cesser son soutien au groupe armé M23, qui sévit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). En Europe, les critiques se multiplient vis-à-vis du Rwanda.
« L'intégrité territoriale de la RDC doit être respectée. » Devant la chambre des représentants, jeudi 30 janvier, Alexander De Croo a condamné les exactions du Rwanda, soutien du M23, dans l'est de la RDC, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Le Premier ministre belge juge inacceptables les violences et assure au président congolais Félix Tshisekedi, sa solidarité.
Le ministre belge des Affaires étrangères, Bernard Quintin, est allé plus loin encore : il a assuré avoir demandé aux autres pays de l'Union européenne leur aide en faveur de Kinshasa face à Kigali. Les débats ont d'abord eu lieu lundi 27 et mardi 28 janvier, avec les autres ministres des Affaires étrangères, puis entre les 27 ambassadeurs au Comité politique et de sécurité de l'UE (Cops). D'autres capitales européennes confirment que Bruxelles a, en quelque sorte, demandé à ses partenaires le maximum vis-à-vis du Rwanda. « Il faut utiliser tous les leviers pour un impact significatif », estime Bernard Quintin.
Parmi ces « leviers » possibles, il y a notamment la suspension du dialogue sécuritaire puis du versement au Rwanda de 20 millions d'euros pour sa mission militaire de lutte contre le terrorisme dans la province de Cabo Delgado au Mozambique. L'accord entre l'UE et Kigali sur les matières premières critiques pourrait aussi être remis en cause.
Paris presse Kigali de se retirer
Dans la même journée, d'autres capitales européennes ont condamné le soutien du Rwanda au groupe armé du M23. Le ministère français des Affaires étrangères a ainsi appelé les forces rwandaises à « quitter instamment » la RDC et le M23 à « se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle ». « La souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables », a assuré Christophe Lemoine, porte-parole de la diplomatie française.
Mercredi, le président Tshisekedi avait dénoncé le manque de soutien de la communauté internationale devant ce conflit. « Votre silence et votre inaction (...) constituent un affront », avait-il déclaré. Ce jeudi 30 janvier, le chef d'État a rencontré pendant un peu plus d'une heure Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française. Celui-ci s'est ensuite rendu à Kigali, où il doit rencontrer vendredi le président Paul Kagame pour demander « le retrait des troupes rwandaises ». La rencontre aura lieu dans la matinée, selon nos informations.
La demande de retrait que doit présenter Jean-Noël Barrot avait déjà été formulée samedi 25 janvier par Emmanuel Macron lors d'un entretien téléphonique avec le président rwandais. Mais depuis, il y a eu cette offensive éclair du M23 et des troupes rwandaises sur Goma, et Paris semble vouloir hausser le ton.
Cette démarche diplomatique française s'inscrit, selon Paris, en soutien aux processus de Luanda et de Nairobi, des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.
Londres pourrait revoir son aide au Rwanda
Le Royaume-Uni hausse lui aussi le ton contre le Rwanda dans un communiqué. Le ministère des Affaires étrangères dénonce « une violation inacceptable de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations unies, qui pose un risque fondamental pour la stabilité régionale », et appelle au « retrait immédiat de toutes les FDR (forces armées rwandaises) du territoire congolais ».
« Le Royaume-Uni étudie activement les prochaines étapes avec ses partenaires internationaux, notamment la possibilité d'un réexamen de toute l'aide britannique au Rwanda », poursuit Londres, qui s'inquiète de la « situation humanitaire, déjà désastreuse avant la dernière offensive du M23 et des FDR » et qui est désormais « critique ».
Le pays « appelle toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités, à faciliter l'accès de l'aide humanitaire et à reprendre des pourparlers diplomatiques inclusifs », car « il ne peut y avoir de solution militaire ».