Afrique: CAN 2025/Steve Mounié (Bénin) - « J'ai envie d'avoir la pression. »

Leader incontesté de la sélection béninoise, Steve Mounié aborde la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2025 avec une détermination renouvelée. Après une absence de six ans sur la scène continentale, les Guépards retrouvent la plus prestigieuse des compétitions africaines avec l'ambition de rééditer l'exploit de 2019, où ils avaient atteint les quarts de finale. À l'époque, cette performance avait marqué les esprits et confirmé le potentiel de cette génération. Aujourd'hui, un nouveau défi se présente, et Mounié en est pleinement conscient.

Attaquant d'Augsbourg en Bundesliga, le joueur de 30 ans a su s'imposer comme un cadre essentiel de son équipe nationale. Son rôle ne se limite pas à marquer des buts ; il incarne aussi l'âme du groupe, motivant ses coéquipiers et les guidant dans les moments difficiles. Cette responsabilité, il l'assume avec fierté, conscient que son expérience et son leadership seront cruciaux pour affronter les adversaires de taille qui se dressent sur leur route.

Le tirage au sort de la Coupe d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Maroc 2025 a placé le Bénin dans un groupe particulièrement relevé, aux côtés du Sénégal, champion d'Afrique en 2021, de la RD Congo demi-finaliste de la dernière édition et du Botswana, un outsider à ne pas sous-estimer.

Dans cet environnement compétitif, le natif de Parakou sait que la pression sera omniprésente. Mais loin de la redouter, il la considère comme un moteur de motivation. « Je ne veux pas fuir la pression, au contraire, je la veux », confie-t-il, affichant un état d'esprit conquérant.

Dans cet entretien accordé à Cafonline.com, le capitaine béninois partage ses impressions sur le tirage au sort, ses attentes pour cette CAN et son rôle de leader au sein des Guépards. À quelques mois du tournoi, il affiche une détermination sans faille et un optimisme mesuré.

Cafonline.com : Le Bénin a hérité du Groupe D avec le Sénégal, le Botswana et la République Démocratique du Congo. Quelles sont vos impressions ?

Steve Mounié : C'est un groupe pas si simple que ça, mais à partir du moment où l'on participe à la Coupe d'Afrique des Nations, chaque équipe est d'un très haut niveau. On sait que ce sera difficile. Nous débutons face à la RD Congo, une équipe en pleine forme actuellement, puis nous affronterons le Sénégal, qui est toujours présent et figure parmi les favoris. Quant au Botswana, on le connaît moins, mais s'il est là, c'est qu'il a mérité sa place et qu'il est performant.

Nous arriverons en outsiders, avec comme premier objectif de franchir la phase de groupes. Ensuite, nous essaierons d'aller le plus loin possible. C'est un groupe à notre portée si nous gardons la solidarité qui nous a permis de nous qualifier. Je pense que nous avons les moyens d'en sortir.

Justement, vous évoquez ce match contre la RD Congo. Ce sera aussi l'occasion de retrouver un certain Samuel Essende, l'un de vos coéquipiers. Les taquineries ont-elles déjà commencé ?

Ça a commencé bien avant le tirage ! En réalité, j'espérais tomber contre Samuel, car on aime bien se chambrer. Il adore taquiner le Bénin, et moi, je lui répondais : « On verra bien si un jour on se retrouve face à face, qui aura le dernier mot. » Je priais donc pour qu'on affronte le Congo en phase de groupes, histoire de trancher définitivement ce débat !

La dernière participation du Bénin à la CAN remonte à 2019 en Égypte. Vous aviez éliminé le Maroc en huitièmes (1-0) avant de tomber de justesse contre le Sénégal en quarts (1-0). Quels souvenirs gardez-vous de ce parcours et quelles leçons en avez-vous tirées ?

C'était une aventure exceptionnelle. Notre objectif était d'atteindre les quarts de finale, et nous l'avons fait. À notre retour au pays, nous avons été accueillis comme des héros, comme si nous avions remporté la CAN. Ce fut un moment de communion incroyable avec le peuple béninois.

Pour certains d'entre nous, c'était une première participation à la Coupe d'Afrique, et atteindre ce stade de la compétition dès notre première expérience, c'était magique. L'objectif maintenant est de rééditer cette performance et de procurer à nouveau des émotions fortes aux Béninois.

Comment l'équipe a-t-elle vécu ces six années sans participation à la Coupe d'Afrique des Nations, et en quoi a-t-elle progressé ?

Rater les deux dernières CAN a été très difficile, surtout celle qui a suivi 2019, car nous nous sentions vraiment forts à l'époque. Ne pas avoir pu enchaîner une deuxième participation a été dur à encaisser.

Depuis, l'équipe a beaucoup évolué. L'effectif a été largement renouvelé, avec l'intégration de nombreux jeunes joueurs sous la houlette d'un nouveau sélectionneur, Gernot Rohr. Une nouvelle dynamique s'est créée, mais en conservant les valeurs qui nous ont portées en 2019 : solidarité, travail et détermination.

Le Bénin n'a peut-être pas les plus grands talents du continent, mais nous avons de très bons joueurs. Notre force, c'est le collectif. Si nous perdons cette solidarité, nous n'irons nulle part. Cette prise de conscience nous a permis de nous qualifier à nouveau.

Regarder la CAN 2023 à la télévision a été une épreuve. Voir cette grande fête en Côte d'Ivoire sans y être, c'était frustrant. Cela nous a poussés à tout donner pour ne plus rater de Coupe d'Afrique des Nations. Nous ne pouvions pas rester spectateurs en 2025, alors que la compétition se jouera au Maroc.

Que représente pour vous la Coupe d'Afrique des Nations ?

Pour une nation africaine et pour nous, joueurs, c'est le Graal absolu. Bien sûr, la Coupe du Monde est encore au-dessus, mais la CAN est la grande fête du continent.

On veut tous y être, s'y confronter aux meilleures équipes, et prouver que le Bénin sait jouer au football. C'est aussi une vitrine pour nos joueurs, une opportunité de montrer ce dont nous sommes capables.

Disputer une CAN avec le brassard de capitaine, que cela signifie-t-il pour vous ?

C'est un immense honneur. Lorsque j'ai débuté en sélection, je n'aurais jamais imaginé être capitaine un jour. Aujourd'hui, porter ce brassard lors d'une CAN est un moment unique que j'ai hâte de vivre.

C'est une manière de représenter le pays d'une façon encore plus forte. Cela me remplit de fierté, et j'espère que nous réaliserons une belle compétition pour montrer un visage digne du Bénin.

Quel sera l'élément clé pour que le Bénin puisse créer la surprise lors de cette CAN ?

La solidarité. Si nous jouons en équipe, sans chercher à briller individuellement, nous pourrons bousculer plusieurs adversaires.

Nous l'avons déjà prouvé en qualifications et lors de matchs amicaux contre de grandes nations. Si nous parvenons à réitérer ce genre de performances, nous pourrons aller loin.

Vous êtes souvent décrit comme un leader sur et en dehors du terrain. Comment gérez-vous la pression de ce rôle, surtout lors des matchs à fort enjeu ?

La pression est essentielle pour performer. Avant notre dernier match des éliminatoires contre la Libye (0-0), j'ai dit aux gars : « Celui qui affirme ne pas ressentir la pression ment. Mais embrassez cette pression, car c'est elle qui vous poussera à vous surpasser. »

Je ne veux pas fuir la pression, au contraire, je la veux. Elle m'aide à donner le meilleur de moi-même et à réaliser de grandes performances.

Vous préparez-vous déjà mentalement et physiquement pour cette CAN ?

C'est encore un peu tôt pour parler de préparation mentale et physique, car la compétition se déroulera la saison prochaine. Bien sûr, on y pense, mais pour l'instant, ce n'est pas encore une priorité absolue.

Un dernier mot pour les supporters béninois ?

Qu'ils continuent à nous soutenir, comme ils l'ont fait durant toute la campagne de qualification. J'espère qu'ils se mobiliseront pour venir nombreux au Maroc.

Ce serait exceptionnel d'avoir un contingent de supporters béninois à Rabat. Nous, de notre côté, nous donnerons tout pour le maillot et nous ferons en sorte de leur offrir un maximum d'émotions lors de cette Coupe d'Afrique.

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