Afrique Centrale: Faut-il encore croire au processus de Luanda ?

Le Président angolais avec ses homologues de la RDC et du Rwanda

Initié en novembre 2022 par l'Angola, le processus de Luanda, principal dispositif de négociation entre la RDC et le Rwanda peine à venir à bout de la crise sécuritaire qui sévit dans l'est de la RDC.

Le mardi 08 octobre, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la ministre congolaise des affaires étrangères a présenté les obstacles majeurs à sa mise en oeuvre.

Dans son allocution, la ministre des affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner a expliqué pourquoi selon elle, les négociations bloquent avec le Rwanda. Elle est revenue sur la question de la neutralisation des FDLR (Force de Libération du Rwanda) souvent brandie par le Rwanda, la nécessité d'un mécanisme de justice régional réclamé par le Rwanda et le rejet par ce pays de toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix.

De son côté, le ministre rwandais des affaires étrangères a réagit sur son compte X en précisant que la ministre congolaise des affaires étrangères ne donnait par les véritables raisons du blocage.

Selon lui, c'est Thérèse Wagner qui aurait bloqué la dernière réunion ministérielle de Luanda.

Pour le politologue Jean Claude Mputu, au delà des principaux éléments de blocage, il y a lieu de rappeler que dans cette crise, les responsabilités sont partagées.

"La mauvaise foi des acteurs, aussi bien le Rwanda que la RDC ne veulent pas la paix maintenant. Le Congo pour des raisons de politique interne et parfois un peu d'absence de leadership sur cette question de l'Est. La faiblesse d'action des négociateurs principaux," souligne le politologue pour qui " le Rwanda ne veut pas la paix puisque la guerre lui profite depuis des années. Et du côté de la communauté internationale, il y a un manque d'engagement et une hypocrisie générale. Tout le monde reconnaît l'agression rwandaise mais personne ne condamne le Rwanda."

Responsabilités partagées

De son côté, le professeur Adolphe Agenonga Chober, spécialiste des mouvements armés qui enseigne à l'université de Kisangani, rappelle que le goulot d'étranglement au processus de Luanda demeure la divergence d'approche pour parvenir à la fin du M23.

Pour lui, la question des FDLR (Force de Libération du Rwanda) brandit par le Rwanda, ne constitue qu'un subterfuge.

"Comme on peut le constater, le Rwanda a toujours soutenu que la solution à la crise du M23 devrait être plutôt politique, c'est à dire qu'elle passerait par un dialogue direct entre le M23, dont il considère les combattants comme étant des Congolais, et le gouvernement de Kinshasa. De son côté, Kinshasa a toujours rejeté toute idée de négociation avec le M23 qu'il considère comme étant un groupe terroriste avec lequel il ne négociera jamais."

Impacts de la crise sur le terrain

On peut donc se demander quelles sont les incidences directesdes différentes rencontres entre les acteurs de cette crise ?

Augustin Muhesi qui enseigne les sciences politiques au Nord Kivu estime que le processus de Luanda n'a pas fait bouger les lignes et son bilan est mitigé.

"Il a permis aux acteurs, notamment aux deux chefs d'état de se rencontrer, de se parler directement. Mais aussi le plus souvent, les délégations des deux pays se sont rencontrées mais à part les promesses et des communiqués de cessez-le-feu, l'accord semble n'avoir pas été conclut. Pendant que les tractations ont continués à Luanda, la situation sécuritaire est restée volatile sur le terrain," soutient l'enseignant.

Que faut il attendre dans ce cas de la médiation angolaise ? Pour Jean Claude Mputu, l'espoir est permis tant que les parties prenantes poursuivent les discussions, que le président Lourenço continuera à chercher des solutions et que la communauté internationale restera mobilisée.

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