« Connecter l’Afrique : les infrastructures comme passerelle vers une prospérité partagée », c’est le thème du webinaire organisé ce 22 janvier par Africa Prosperity Network. Un thème crucial qui interpelle les médias africains.
En prélude au 3ᵉ dialogue sur la prospérité en Afrique (APD 2025), qui se déroulera du 30 janvier au 1er février 2025, au Ghana, cet événement vise à communiquer sur les défis en matière d’infrastructures en Afrique et à offrir des opportunités de doter les médias des outils et des récits nécessaires pour soutenir l’objectif ultime de la Zone de Libre Echange Continentale de connecter l’Afrique à un marché unique fort.
À cet effet, la discussion s'est concentrée sur le développement de l'infrastructure numérique et des réseaux de transport dans le continent.
M. James Emma Godfred, Directeur général par intérim du ministère des Routes et des Autoroutes du Ghana, a expliqué l'importance du transport routier au Ghana et en Afrique, en soulignant son rôle en tant que service public.
Il a ainsi détaillé le processus de sélection des projets routiers, y compris les études de transport.
Selon lui, le corridor Abidjan-Lagos, un projet routier majeur de 1 028 kilomètres reliant les États d'Afrique de l'Ouest, est mis en avant, avec un accent particulier sur la section ghanéenne.
Il a précisé que le projet est divisé en trois lots principaux, avec des détails spécifiques sur la section ghanéenne d'Aflao à Elubo.
Par conséquent, des résultats du projet sont attendus, notamment la réduction des barrières commerciales, la baisse des coûts de transport et l'amélioration de la connectivité, a-t-il indiqué.
Dans ce projet, les caractéristiques de conception de la route, notamment les voies à double sens, les voies d'urgence et les systèmes de transport intelligents, sont mises en évidence.
Impact économique et projets futurs
M. James Emma Godfred a souligné les avantages économiques du corridor Abidjan-Lagos, notamment l'amélioration des échanges commerciaux et de la viabilité économique.
De son point de vue, la collaboration des parties prenantes et l'utilisation des meilleures pratiques d'ingénierie sont essentielles au succès du projet.
De même, l'achèvement du corridor devrait améliorer considérablement les transports et stimuler la prospérité économique à travers l'Afrique. Il a appelé à un soutien et une collaboration continus pour atteindre les objectifs du projet.
Par ailleurs, M. Thomas Imirhe, journaliste ghanéen, a souligné la nécessité d'harmoniser et d'interconnecter les pays africains, en soulignant le rôle des entreprises de télécommunications comme MTN et les institutions financières dans la facilitation des transferts commerciaux et financiers.
Il suggère ainsi de tirer parti des réseaux existants de banques commerciales panafricaines pour faciliter les échanges commerciaux et les transferts financiers.
Selon lui, le potentiel de renforcement des structures financières de ces banques permettra de rationaliser les opérations commerciales et financières.
Dans le même sillage, M. Patrick Smith, rédacteur en chef d'Africa Confidential, a évoqué la géopolitique du financement et des tendances en matière d'infrastructure.
M. Smith s’est concentré sur les projets d'infrastructure rivaux en Afrique australe ciblant les minéraux critiques de la République démocratique du Congo et de la Zambie.
À l’en croire, ces pays concernés ont réellement les ressources et veulent les développer et affiner leur surplus.
Il a ainsi examiné la concurrence géopolitique entre les États-Unis, l'Union européenne et la Chine en mettant l'accent sur l'implication de l'administration Biden.
« Malgré tout le battage médiatique concernant la visite de Biden en décembre dernier, le projet est relativement petit, compte tenu de la portée de l'infrastructure et des investissements chinois à travers l'Afrique au cours des 20 dernières années », a-t-il souligné.
Toutefois, le potentiel du projet à supporter les télécommunications, le développement agricole et urbain est remis en question par M. Smith.
Il a critiqué la nature transactionnelle de l'approche de l'administration Biden à l'égard du projet, se concentrant sur les opérations d'extraction plutôt que sur un développement plus large.
Le rôle des médias dans la promotion des infrastructures africaines
Cobus Van Staden, rédacteur en chef, Chine-Afrique, pour sa part, a abordé la question de la désinformation géopolitique et des faux récits dans les prêts d'infrastructures, en particulier en ce qui concerne les investissements chinois.
Pour lui, il est nécessaire d’avoir un renforcement de capacité des journalistes africains pour comprendre les aspects techniques des prêts de projets.
Cependant, il a assuré que l'importance d'une transparence radicale de la part des gouvernements africains dans la publication des contrats d'infrastructures à grande échelle est un impératif. Car selon lui, cela faciliterait aux journalistes d’accéder aux informations et de pouvoir les traiter.